Dardaillon_Maryse_Photo4

with Aucun commentaire

Maryse Dardaillon – Halage du bateau – Unieście (Pologne), 2017 –
Regardons ici une arrivée lors des opérations de halage, quand il s’agit de mettre le bateau à l’abri, le plus loin possible du rivage. Deux hommes sont encore à bord, dont un dans la cabine, un troisième s’occupe des câbles. Tous sont chaudement habillés car la photo est prise en hiver. Le bateau est en bois, de construction traditionnelle, gouvernail et hélice semblent assez simples, pour ne pas dire fragiles, tandis que le matériel électronique de base, en particulier un radar, paraît présent sur tous les bateaux. J’ai pu noter que les navires sont très bien entretenus, ils sont par exemple repeints tous les ans. Des bâches sont également posées lors des périodes de tempête quand il s’agit d’éviter que sable et eau n’envahissent le pont des barques. En haut de la dune, on peut voir au centre le bâtiment d’où est manœuvré le treuil électrique. À droite de celui-ci se trouve un atelier de réparation et entretien où l’on aperçoit un bateau sur cales. À gauche, quelques badauds puis des bâtiments qui sont ceux des échoppes et restaurants. Le restaurant en front de mer offre des tables à l’abri derrière les vitres qui laissent contempler la mer. Devant ces constructions se trouve une barque couchée sur le flanc. Celle-ci est utilisée notamment au printemps lors d’opérations d’entretien du plot situé en mer, utilisé pour le halage des bateaux en mer. Ce plot est fréquemment utilisé par les cormorans qui trouvent là un lieu où se reposer et faire sécher leurs ailes.

Photo-33-Boutigny

with Aucun commentaire

Marion Boutigny – Scène de troc – Taroniara (Îles Salomon), 2017 –

Cette photo présente un canneur au mouillage et des habitants venant troquer des denrées alimentaires, du tabac, ou du betel nut contre du poisson. Cet échange est bénéfique aux deux parties : poisson « facile » contre produits frais diversifiant ainsi l’alimentation des marins au cours de la campagne. L’échange est un des piliers de la culture tribale. La photo est prise à bord d’un canneur pêchant la bonite, pour une campagne de marquage organisée par la Communauté du Pacifique (SPC). Ce navire est l’un des rares canneurs en activité dans cette région de la Mélanésie, où la pêche aux thonidés est assurée par des thoniers-senneurs. Auparavant, les eaux des îles Salomon et de Papouasie Nouvelle-Guinée avaient une flotte de canneurs importante avec des officiers japonais et un équipage local. Les Japonais partis, seulement trois canneurs pêchent aujourd’hui. La pêche à la canne à la bonite a deux moments majeurs : l’activité principale sur la bonite en journée et la pêche au filet pour les appâts vivants de nuit. Cette pêche se fait près des côtes. Or, en Mélanésie, l’espace marin, comme l’espace terrestre, est un espace coutumier et il est nécessaire d’être autorisé par les tribus pour pêcher. Il n’y a pas ou peu de conflit pour l’espace maritime car la coutume et la nationalité des marins favorisent les échanges et créent du lien social durable entre les îles, les tribus et cette pêcherie.

Photo-89-Puschiasis

with Aucun commentaire

Auteure : Ornella Puschiasis.
Titre : Diviser en amont pour exploiter en aval.
Date et lieu : Dingboche, région du Solukhumbu, nord-est du Népal, mai 2016.
Légende : Dingboche est un village situé à 4 420 mètres d’altitude qui dispose d’un accès à l’eau facile car il est situé directement en rive droite de la rivière Imja Khola que l’on aperçoit en contrebas des champs délimités par des murets de pierre. On distingue également de nombreux lodges aux toits de tôles ondulés colorés qui accueillent des milliers de randonneurs qui foulent le sentier de l’Everest au printemps et en automne. Les tuyaux noirs au premier plan sont donc destinés à acheminer l’eau au village afin de répondre aux besoins touristiques en termes de confort comme l’eau courante à l’intérieur des maisons, la douche et les toilettes à chasse d’eau. L’enchevêtrement de tuyaux à la sortie d’un réservoir qui capte les eaux du torrent de versant de Nagarjung en amont du village, symbolise ici les tensions qui entourent le partage de l’eau à Dingboche. Longtemps informel, sans comité de gestion spécifique, l’accès à l’eau est contrôlé depuis les années 2000 par un groupe d’hôteliers qui a commencé à s’équiper individuellement de tuyaux et qui a progressivement participé à la formalisation d’un réseau d’adduction d’eau qu’ils régulent et dont ils sont les seuls bénéficiaires. Forts de concentrer à la fois la capacité financière, l’esprit d’initiative et la mobilisation d’un réseau de ‘‘touristes bienfaiteurs’’, ces notables ont privatisé l’accès à l’eau dans le village faisant naître des jalousies entre eux, mais aussi et surtout des tensions avec les autres habitants dépendants de revenus agricoles, pour qui aller chercher de l’eau à la rivière reste une corvée quotidienne.

Photo-88-Puschiasis

with Aucun commentaire

Auteur : Ornella Puschiasis.
Titre : Maïla, jeune porteur qui étanche la soif des yaks.
Date et lieu : Syangboche, région du Solukhumbu, nord-est du Népal, juin 2016.
Légende : J’ai rencontré le jeune Maïla à Syangboche affairé à aller remplir le bidon de 40 litres qu’il portait sur le dos. Intéressée de savoir pour qui il effectue ce dur labeur de portage, qu’elle ne fut pas ma surprise quand sa réponse a été : « je pars en quête d’eau pour les yaks ! ». Employé pour la ferme gouvernementale d’élevage de yaks, il doit quotidiennement aller chercher de l’eau à l’une des fontaines publiques des deux villages les plus proches de Khumjung ou de Khunde. Rémunéré 200 roupies la course, soit à peine plus de 2 euros, il doit effectuer 150 mètres de dénivelé et environ une heure de marche pour acheminer la précieuse ressource qui servira à étancher la soif de la dizaine de yaks présents sur le site. En effet, le village se trouve paradoxalement éloigné de toute source d’approvisionnement en eau malgré les sept familles qui y vivent et l’activité commerciale de son altiport, de ses deux lodges et de cette fameuse ferme. Il se situe sur un ancien glissement de terrain dont la structure géomorphologique limite l’accès à l’eau de surface. Le stockage s’avère alors indispensable et toutes les habitations disposent de systèmes de récupération des eaux de pluie ou de fonte sur les toits, et sont équipées de grosses citernes. Malgré la difficulté de son travail de porteur d’eau, Maïla est pourtant heureux d’être nourri et logé et de vivre près des yaks. Il effectue en moyenne quatre trajets par jour pour répondre aux besoins journaliers des animaux qui boivent entre 40 à 60 litres d’eau, sans compter sur la présence des employés gouvernementaux. Âgé de 13 ans à peine et originaire du district de Nuwakot, Maïla a trouvé du travail dans la région touristique de l’Everest grâce à un cousin guide et peut ainsi soutenir sa famille dont la maison a été détruite à cause du séisme dévastateur du 25 avril 2015. 

Photo-77-Parrot

with Aucun commentaire

Auteure : Elsa Parrot. Titre : Condamnés à un poison vital : l’impasse des Bangladais. Date et lieu : Barisal, région des Sundarbans, Bangladesh, avril 2015. Légende : Le Bangladesh a l’avantage et l’inconvénient d’être situé sur un immense delta, celui du Gange et du Brahmapoutre, faisant de ses terres un milieu riche et fertile mais sans cesse menacées par les crues, les cyclones, la montée de la mer et la menace de l’appauvrissement en eau douce par les barrages amont en Inde. Avant 1979, afin de disposer d’eau potable pendant la saison sèche, chaque village entretenait plusieurs lacs faisant office de réservoirs (remplis pendant la mousson), clôturés et gardés jour et nuit. Suite à une série de catastrophes naturelles et d’épidémies de choléra, des millions de puits furent creusés avec l’aide d’ONG internationales pour pallier à la pénurie en eau potable. Seulement, les nappes du Bangladesh sont naturellement contaminées en arsenic qui est stocké dans les cent premiers mètres des sols, résultant d’apports détritiques du plateau himalayen. Mais le forage de puits a le vent en poupe : on leur assure à tort une profondeur de pompage de 300 mètres, dans une eau saine, alors que les pistons, situés au niveau de la pompe, ne permettent que la remontée de l’eau entre 8 et 10 mètres, les zones les plus contaminées. La population semble être dans une impasse : elle refuse de revenir au système des lacs, bien trop contraignant et instable, mais continue de s’empoisonner avec l’arsenic, à l’origine de l’explosion du taux de cancer. Des ONG travaillent sur des techniques de filtration pour tenter de faire face à cette crise. 

Photo-71-MOUAD

with Aucun commentaire

Auteur : Bassem Mouad. Titre : Le lit de l’Isar, un lieu de rendez-vous entre l’homme et la nature.
Date et lieu : Munich, Allemagne, décembre 2011.
Légende : À partir du milieu du 19éme Siècle, la rivière de l’Isar a subi de grandes opérations de canalisation et de régularisation afin de maîtriser les flux saisonniers. Au sud du centre-ville de Munich, le district de Sendling abrite l’une des premières centrales hydroélectriques et donne sur une zone inondable de la plaine alluviale, connue sous le nom de Flaucher. La prise en compte du changement climatique et de ses impacts remet en question la gestion des zones inondables notamment en milieux urbains et la replace au centre de débats publics. En 1995, les pouvoirs publics ont lancé un projet de renaturation de l’Isar, ou « Isar-Plan », qui a pour but de réconcilier les enjeux économiques et socio-écologiques. Ce territoire inondable, à Flaucher, a servi de référence pour le projet, notamment les berges élargies augmentant la capacité de rétention d’eau et les bancs de graviers blancs et redonnant à la rivière son aspect dynamique et évolutif. Prise sous un coucher de soleil hivernal, la photo présente un intérêt particulier. Elle enregistre un moment ordinaire du rapport entre les Munichois et la nature présente en milieu urbain. Or, se promener sur le lit d’une rivière, dans une zone inondable, sort de l’ordinaire des citadins. Au premier plan, des personnes se promènent sur le lit de la rivière (en famille, entre amis et même avec une poussette). Au second plan, des Munichois tentent d’approcher la faune sauvage : observer, photographier et même toucher. Une telle appropriation citadine de l’espace n’est-elle pas le signe d’un pari gagné de cette approche de renaturation des zones inondables ?

Photo-31-Lavie

with Aucun commentaire

Auteure : Émilie Lavie.
Titre : Quand le service d’eau potable participe ai mitage urbain de l’espace rural.
Date et lieu : Mendoza, Argentine, avril 2016.
Légende : Les marges rurales de l’agglomération de Mendoza sont soumises à un double processus : une importante pression urbaine en même temps que l’agriculture perd en rentabilité. Une des conséquences est le mitage de l’espace rural, de plus en plus visible dans le paysage avec la conversion de terres agricoles en lotissements fermés. C’est la situation dans laquelle s’est trouvée de ce monsieur, qui a vendu cette parcelle de vergers avec son puits à un promoteur immobilier. Les autorités municipales tentent de freiner le processus, en n’accordant les permis de construire que si le promoteur immobilier apporte la preuve que les services urbains – dont l’eau potable – desserviront bien le lotissement. Nos enquêtes ont démontré que la coopérative Corralcoop ayant la concession de la distribution de l’eau potable dans ce secteur, accepte de signer le-dit document, mais sous certains conditions. Une de celles-ci est illustrée ici : ce puits, creusé dans une nappe captive profonde et dont l’eau de bonne qualité surgit par l’artésianisme, ne sera plus un puits agricole et n’appartiendra pas non plus au promoteur ou à un futur résident. Il a en effet été donné à Corralcoop en échange de la signature de l’attestation de connexion future. La coopérative dispose désormais donc d’un forage de secours qu’elle connectera à son réseau collectif d’adduction quand le besoin se fera sentir, à savoir quand les habitations seront plus nombreuses. En convertissant un puits agricole en forage à vocation domestique, et en conditionnant de manière indirecte la possibilité de rendre constructibles des terrains qui ne l’étaient pas, le service urbain d’eau potable participe en quelques sortes à l’urbanisation de l’espace rural. Remerciements : Ce travail est issu du terrain de recherche effectué par l’auteure et par Anaïs Marshall (Université Paris 13-Nord) dans le cadre du projet Marges Oasiennes (2014-2016) financé par l’Idex de la Comue Sorbonne-Paris-Cité.

Photo-41-Humbert

with Aucun commentaire

Auteur : André Humbert.
Titre : galerie drainante ou khettara dans la plaine du Souss amont.
Date et lieu : Plaine du Sous amont, Est de Taroudant, Maroc.
Légende : Le plus impressionnant des systèmes de prélèvement de l’eau des aquifères est bien la galerie drainante appelée khettara au Maroc. Elle est connue sous d’autres noms dans la ceinture d’aridité de l’Ancien Monde. Elle est appelée foggara au Sahara, qanat en Iran ou karez en Afghanistan. Le creusement d’une khettara est toujours une œuvre collective car elle nécessite une main d’œuvre considérable pour réaliser une galerie qui peut dépasser plusieurs dizaines de kilomètres de longueur. Certaines études sont parvenues à une estimation de la masse de travail nécessaire : il faudrait faire travailler 40 hommes pendant 4 ans pour creuser une galerie de 4 kilomètres dont la profondeur ne dépasse pas une douzaine de mètres. Or, beaucoup de ces galeries ont des profondeurs qui peuvent atteindre et même dépasser la centaine de mètres. Vue d’avion, une khettara se lit très bien dans le paysage grâce aux multiples puits réalisés pour son creusement. Ceux-ci, mis en évidence par les cônes de déblais qui les entourent, ont été forés pour faciliter l’évacuation des matériaux issus de la galerie et pour l’entretien périodique de cette dernière. L’eau n’est pas extraite par ces puits mais par écoulement gravitaire vers un orifice qui domine le terroir à irriguer. Ce document est particulièrement intéressant car il juxtapose une khettara morte et la cause de son tarissement, c’est-à-dire une grande ferme de culture fruitière irriguée par l’eau extraite à l’aide de puissantes motopompes. Celles-ci ont rapidement provoqué un rabattement du toit de l’aquifère qui se trouve aujourd’hui sous le canal de la khettara. Cette vue illustre parfaitement la crise de la société traditionnelle fondée sur une exploitation forcément durable de l’eau face à un capitalisme hydraulique qui fait table rase des artefacts anciens et même des structures agraires.

Photo-92-delaCroix.JPG

with Aucun commentaire

Auteur : Kévin De La Croix.
Titre : Les arroseurs.
Date et lieu : Ségou, Mali, mars 2007.
Légende : Le long du fleuve Niger, on constate une multiplication de jardins maraichers et fruitiers de mieux en mieux équipés en matériel d’irrigation mécanisé. Ces nouveaux investissements permettent d’augmenter dans la limite du terrain disponible la production ; de mieux contrôler l’apport en eau nécessaire pour les différentes cultures ; d’augmenter le nombre de récoltes ; de diversifier et d’améliorer la qualité des productions. Si ces exploitations, peuvent ainsi réduire leur main d’œuvre et ne plus requérir que quelques adultes, elles sollicitent paradoxalement plus fortement la force de travail des enfants. En effet, les travaux d’appoint (irrigation manuelle, transport des productions, etc.) sont confiés aux plus jeunes. Les enfants du cercle familial sont particulièrement mis à contribution, après la classe ou pendant les vacances scolaires, et ils trouvent ainsi une activité (faiblement) rémunérée. Sur cette photo, deux enfants appartenant à la même famille, remplissent des arrosoirs de plus de plus de 10 kilogrammes chacun dans une zone de hautes herbes, inondée par le fleuve Niger, et située non loin du jardin maraicher familial. L’enfant situé au premier plan profite de la pose devant l’appareil photo en pour se soulager de sa charge d’eau trop lourde pour son âge, lui demandant un effort qu’il devra, ainsi que son comparse, fournir plusieurs fois par jour.

Photo-24-DANIEL

with Aucun commentaire

Auteure : Cécile Daniel.
Titre : En attendant que les robinets soient ouverts.
Date et lieu : Village de Diamouguel, département de Kanel, région de Matam, Sénégal, février 2017.
Légende : Au Sénégal, les forages ruraux sont gérés par des associations d’usagers de forage « ASUFOR », afin de garantir une bonne gestion de la ressource à l’échelle du village. Un conducteur de forage est chargé de veiller à la mise en route et à l’arrêt de la pompe, en fonction du niveau de remplissage du réservoir. Un responsable est désigné pour organiser l’alimentation en eau de la population par les bornes fontaines collectives. Les robinets sont ouverts une fois par jour, ce qui permet à chaque famille de se constituer ses propres réserves dans des bidons. Le reste du temps, les robinets sont cadenassés. Le responsable de la borne fontaine est aussi chargé de comptabiliser les volumes prélevés par famille afin de préparer la facturation.

1 2 3 4 5 9