Le Rés-EAUx a réalisé sa toute première exposition Bibli-Eau, intitulée « L’eau au carrefour des disciplines ». L’idée était de présenter une sélection d’ouvrages autour de diverses thématiques liées à l’eau, à partir des fonds disponibles dans la base documentaire de l’université de Nanterre. Une exposition d’ouvrages a donc été proposée durant deux semaines, du 30 janvier au 12 février, à la bibliothèque universitaire de Nanterre. Nous tenons à remercier très sincèrement la bibliothèque universitaire de Nanterre, et notamment Aurélie Delaigue : l’aide apportée fut précieuse pour la bonne préparation et la réussite de ce projet.
Cette première exposition se voulait multidisciplinaire, l’objectif étant de sensibiliser des étudiants venant de formations diverses aux problématiques liées à l’eau. Les ouvrages choisis concernaient donc la géographie, l’hydrologie et les sciences politiques, mais aussi l’histoire, la sociologie, l’anthropologie, l’économie.
Un autre critère de choix était de présenter des terrains d’étude très différents, pour souligner la diversité des approches existant dans les études sur l’eau : zones géographiques variées (en France comme à l’étranger), et différentes échelles d’étude (macro, méso, micro).
Six enjeux majeurs ont été sélectionnés pour cette exposition:
Sélection de la 1ère semaine (bibliographie des ouvrages présentés en cliquant ici) :
- Généralités autour de l’eau;
- L’eau en ville;
- Risques et aménités.
Sélection de la 2ème semaine (bibliographie des ouvrages présentés en cliquant ici) :
- Irrigation, agriculture et développement rural;
- Accès à l’eau, conflits et coopérations;
- Hydropolitique et gouvernance.
Enfin, nous avons invité des auteurs parmi ceux sélectionnés à présenter leurs ouvrages. Deux interventions ont donc été organisées, dans l’espace Bulle de la bibliothèque universitaire :
- David Blanchon, professeur de géographie à l’Université Paris Nanterre, est venu présenter son livre Atlas mondial de l’eau le mercredi 1er février à 18h.
- Laurent Lespez, professeur de géographie à l’Université Paris-Est Créteil, a présenté son ouvrage Paysages et gestion de l’eau : sept millénaires d’histoire, de vallées et de plaines littorales en Basse-Normandie le mercredi 8 février à 13h30.
Ces présentations ont été l’occasion d’échanger avec les auteurs et de poser des questions aussi bien sur les sujets de fond des ouvrages que sur la manière dont se construit le projet d’un livre, ou sur la collaboration avec d’autres professions (édition, cartographie). Des rencontres enrichissantes, à propos desquelles vous trouverez plus d’informations ci-dessous !
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Atlas mondial de l’eau (2013) présentation par David Blanchon
Ouvrage de David Blanchon, professeur de géographie à l’Université Paris Nanterre, et d’Aurélie Boissière, cartographe.
L’Atlas mondial de l’eau est un petit ouvrage, riche en cartes et illustrations, visant à présenter les principales questions liées à l’eau. La première édition a été publiée en 2007, et le seconde en 2013 (avec une nouvelle maquette et une actualisation des chiffres).
Dans sa présentation, David Blanchon est revenu sur les contraintes posées par la réalisation d’un atlas, type d’ouvrage dans lequel le nombre de signes doit être limité pour laisser de la place aux illustrations, et qui doit respecter une charte graphique (notamment pour les cartes) très précise. Il a donc fallu être concis tout en cherchant à développer un propos précis à propos de thématiques vastes et variées. Pour sélectionner au mieux les informations essentielles sur chaque sujet traité (l’eau virtuelle, l’eau souterraine etc.), l’auteur avait en tête les connaissances requises pour un étudiant de niveau licence.
David Blanchon a aussi fait appel à d’autres chercheurs pour certaines illustrations. Enfin, l’ouvrage a bénéficié des relectures de l’hydrogéologue Jean Margat.
L’Atlas mondial de l’eau sert aujourd’hui comme ressource pour la construction de supports pédagogiques pour les professeurs du secondaire et est présent dans de nombreux centres de documentation et d’information (CDI).
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Sept millénaires d’histoire, de vallées et de plaines littorales en Basse-Normandie, présentation par Laurent Lespez
Ouvrage de Laurent Lespez, professeur de géographie à l’Université Paris-Est Créteil, édition 2012.
L’ouvrage présenté par Laurent Lespez est une étude qui, pour les archéologues, « est dans l’air du temps ». Il s’agit d’une approche diachronique, de très longue durée, dans laquelle les auteurs font défiler sept millénaires d’action anthropique sur les écosystèmes. Les sociétés se succèdent et agissent sur un milieu changeant en raison des mutations bioclimatiques. Les sociétés du Néolithique ne sont pas les mêmes que celles de la fin de l’Âge du Fer, de l’époque gallo-romaine ou du Moyen Âge. Les paysages ne sont pas davantage stables, ni même les cours d’eau, modelés par l’action des hommes, transformés par des biefs et des canaux, qui deviennent, à leur tour, une hydrographie modifiée, des « hydrau-systèmes », comme les appelle l’auteur.
En un peu plus de 300 pages, cet ouvrage, fruit de divers projets de recherche (dont un ACI), présente l’histoire d’une région : les plaines littorales de la Basse-Normandie. À laquelle s’ajoutent vingt pages de bibliographie et un atlas comprenant 18 évocations paysagères par périodes des régions concernées. Dans la lignée d’autres histoires paléo-environnementales régionales (bassin de la Loire, Rhône…), les auteurs proposent une approche systémique s’articulant sur trois grands ensembles de données – la géographie, le paléo-environnement, et les sources archéologiques et textuelles – mis « sur un pied d’égalité », dans le cadre de « ce qu’il est convenu de nommer archéologie du paysage ».
Durant notre rencontre, Laurent Lespez nous a présenté les trois parties de cet ouvrage:
- Une première, intitulée « Les sources de l’histoire du paysage », décrit les archives sédimentaires, l’archéologie, les sources écrites;
- Une deuxième, divisée en trois chapitres, constitue autant de monographies régionales : la péninsule de la Hague et les bassins versants de l’Anse Saint-Martin, de la Grande-Vallée et de la Mare de Vauville ; le bassin versant de la Seulles ; et, enfin, les marais de la basse vallée de la Dives. Les trois chapitres ont une structure commune : les paysages actuels ; les méthodes mises en œuvre ; les séquences historiques d’occupation. L’argumentation est complétée de cartes et de photographies ainsi que de modèles graphiques de cette évolution;
- Une troisième partie, intitulée « Questions d’histoire paysagère », est, elle aussi, divisée en trois chapitres. Le premier, signé par l’éditeur scientifique de l’ouvrage, propose une vue d’ensemble de la région, qui s’appuie sur des cartes très parlantes. Deux autres parties nous invitent à comprendre le paysage actuel en fonction des héritages et transformations millénaires et proposent des alternatives, soigneusement réfléchies, qui prétendent apporter des arguments favorables à la gestion des cours d’eau à l’échelle locale face à des politiques d’aménagement faites de « copier-coller ».
Ce travail de synthèse tient néanmoins compte des nuances micro régionales abordées dans les différentes « fenêtres » d’analyse. Il permet de proposer un premier scénario de dynamique régionale, qui dépasse la diversité des évolutions locales et tient compte des « forçages d’origine naturelle, comme les oscillations climatiques, et des forçages d’origine anthropique, comme les mutations socio- économiques ».
Laurent Lespez a conclu en évoquant les contraintes et difficultés à dépasser pour produire un tel ouvrage et les raisons qui font que le temps de production est particulièrement long.
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