L’Association Rés-EAUx est très heureuse de vous annoncer le lancement d’un nouveau séminaire de recherche d’écologie politique de l’eau en cette rentrée. Ce séminaire s’organisera autour d’une même thématique annuelle et de présentations de membres de l’association et/ou de chercheur.es invité.es. Pour la saison 2022/2023 nos rencontres porteront sur le thème du « droit du/au cours d’eau ».
La 1ère séance, le lundi 17 octobre 2022 (9h30-12h30), sera accueillie par le laboratoire LISIS à Noisy-le-Grand (station Noisy Champs) et retransmise à distance (lien à demander par email : gaele.rouille-kielo@inrae.fr).
Pour le présentiel : locaux du laboratoire LISIS (étage 1), 3 Allée Jean Renoir, Noisy-le-Grand
(Arrêt Noisy-Champs du RER A, sortir côté « Champy », queue du train en venant de Paris, bâtiment en briques à gauche en sortant de la station – Plan en pièce jointe)
Présentation
La première séance du séminaire porte sur l’idée de « droit à l’eau récréative », appliquée aux cours d’eau et aux plans d’eau. Formulée à la manière de ce que les juristes appellent un « droit créance » (droit au logement, au travail, etc.) (Gay, 2004), l’expression fait directement référence à celle de droit à l’eau, au sens d’accès à la ressource et en particulier à l’eau potable, mais aussi à celle de droit à la ville (Lefebvre, 1968), comprise au sens large de « droit à habiter l’espace » (Landy et Moreau, 2015). En l’espèce, ce droit à l’eau récréative n’a pas de consistance juridique et doit plutôt être compris comme un mot d’ordre militant (revendications de groupes sociaux très divers selon les territoires pour un accès garanti aux cours et plans d’eau, à leurs berges, voire à leurs eaux et aux pratiques qu’elles sont susceptibles d’accueillir). On l’envisagera également comme un outil heuristique visant à interroger les possibilités réelles d’accès à l’eau récréative des différents groupes sociaux, au sein de territoires variés, et ce dans une approche attentive aux inégalités environnementales (Deldrève, 2015). Dans une perspective comparative, le croisement de terrains divers et d’enjeux hétérogènes (baignade, loisirs nautiques, contemplation…) permettra de préciser ce que l’expression recouvre (droit à l’eau comme ressource, milieu, paysage ?) et d’apporter un éclairage nouveau sur les droits humains relatifs à l’accès à l’eau.
Références
Deldrève V. (2015), Pour une sociologie des inégalités environnementales, Bruxelles, P.I.E. Peter Lang, coll. « Ecopolis », 243 p.
Gay L. (2004), « La notion de « droits-créances » à l’épreuve du contrôle de constitutionnalité », Cahiers du Conseil constitutionnel, vol. 16.
Landy F. et Moreau S. (2015), « Le droit au village », Justice Spatiale | Spatial Justice, n°7.
Lefebvre H. (1968), Le droit à la ville, Paris, Anthropos, 164 p.
- Interroger le droit à l’eau récréative à partir du cas des plans d’eau – Alice Nikolli[1]
À partir d’une thèse sur la privatisation des rives des grands lacs périalpins (France, Suisse, Italie) et de travaux en cours sur les usages récréatifs des plans d’eau dans plusieurs départements français (Landes, Pyrénées-Atlantiques, Savoie), la première présentation propose de confronter l’idée d’un « droit à l’eau récréative » aux enjeux empiriques d’accès aux plans d’eau. Dans un contexte qui voit la recherche de nature et de fraîcheur augmenter (confinements, canicules…), il s’agira d’identifier les phénomènes qui la contrarient dans les faits (formes diverses de privatisation, conflits d’usages et de légitimité, risques émergents liés au changement climatique …). On réfléchira ainsi au rôle que peuvent jouer les plans d’eau de tous types dans l’accès à l’eau récréative et aux défis qui se posent pour leur gestion, généralement dispersée.
Figure 1: Panneau sur les bords du lac d’Agès, Alice Nikolli, 08/07/22
- La baignade comme expression d’un « droit au cours d’eau », de l’usage performatif des corps mis à l’eau – Gaële Rouillé-Kielo[2], Julia Moutiez[3], Gabrielle Bouleau[2]
La seconde présentation se penche sur les expressions d’un droit au cours d’eau en milieu urbain à travers l’exemple de la métropole francilienne. Spontanées et/ou associées à un projet élaboré, de plus en plus de « mises à l’eau » (par ex. : courses de natation, Big jumps, baignades pirates) dans les cours d’eau et canaux franciliens défient l’interdit préfectoral de baignade qui a cours depuis plusieurs décennies. En examinant ces mises à l’eau comme autant de « performances », plus ou moins légitimes aux yeux de l’autorité publique, nous nous interrogeons sur le degré de performativité auquel elles peuvent prétendre pour dessiner l’avenir de l’eau récréative en ville. Pour ce faire, nous mettrons en regard la trajectoire historique des usages et de la réglementation des cours d’eau en milieu urbain avec les évènements et pratiques d’appropriation récentes que nous y avons observés. Nous questionnerons ainsi les différentes volontés de faire bifurquer leur affectation fonctionnelle et la possibilité de laisser s’exprimer un droit au cours d’eau en ville.
Figure 2: Julia Moutiez, « Plonger en public à Paris », 2022
[1] Université de Pau, UMR TREE
[2] INRAE, UMR-LISIS
[3] ENSAPVS et Université Paris Nanterre, UMR-LAVUE équipe CRH
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