Maria-Antonia Lo Prete – Femme aux mains d’or – Thiaroye (Sénégal), 2016 –
Elles sont battantes, déterminées, passionnées : ce sont les femmes qui transforment les produits de la mer dans le village de Thiaroye-sur-Mer dans le département de Pikine à 5 km de Dakar. Par son ancienneté et par sa position géographique, Thiaroye est l’un des sites célèbres pratiquant la transformation artisanale de poisson au Sénégal. Ces femmes transforment et donnent une valeur ajoutée à ces produits halieutiques très prisés par les Sénégalais et les autres habitants de la sous-région. Il leur faut s’approvisionner, trier, laver, vider, couper, poser, décortiquer, tourner, ramasser, donner… Leurs mains sont leur secret, leurs mains sont leur trésor. Les femmes des Groupements d’intérêt économique (GIE) de transformation artisanale des produits de la mer de Thiaroye emploient des hommes pour le nettoyage du poisson. En tenant le rôle de chef de famille, elles peuvent ainsi subvenir aux besoins primaires de leur famille et peuvent même aider à « dissuader les jeunes femmes de prendre la mer pour l’Europe », comme nous l’a dit Mme Diouf Yayi, présidente du Collectif des femmes pour la lutte contre l’émigration clandestine. Ces GIE constituent un vrai potentiel pour l’entrepreneuriat féminin au Sénégal : par exemple, grâce aux revenus récoltés, le GIE Penccum Sénégal a pu concrétiser en 2012 au village de Thiaroye un projet de construction d’une école maternelle et primaire afin de permettre à ces femmes aux mains d’or de travailler. Mais si certains témoignages soulignent la prospérité de ce secteur d’activité, d’autres nous interpellent sur les améliorations à apporter aux conditions de travail de ces femmes (en termes d’hygiène, d’espace, d’infrastructures, d’équipements et de financements).