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Frédéric Landy – Pêcheurs du Karnataka – Mangalore (Inde), 2017
– La pêche à la senne est celle de chalutiers artisanaux, avec un équipage composé parfois d’immigrés d’autres régions pour les plus gros. Cette technique fut introduite dans les années 1980 pour permettre aux pêcheurs artisanaux de résister à la pêche industrielle. Elle a été interdite dans certains États de l’Inde pour limiter la surpêche (Tamil Nadu), mais la loi n’est pas appliquée.

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Emilie Mariat-Roy – Pêche à la senne tournante – Fjord de Patrekfjördur (Islande), 2018 – Cette photographie a été prise à bord de l’embarcation Brik, armée principalement à la senne tournante et appartenant à un pêcheur artisan. À caractère « historique », cette photographie nous montre l’une des dernières embarcations de pêche artisanale de fort tonnage, la plupart des embarcations de pêche artisanale étant de faible tonnage. En effet, depuis les années 1990, de moins en moins de pêcheurs artisans indépendants et propriétaires d’embarcations de fort tonnage commandent des équipages de plus de trois personnes. En outre, de moins en moins d’artisans indépendants sont spécialisés dans d’autres engins de pêche que la palangre de fond. Les embarcations de pêche artisanales sont de plus en plus de faibles tonnages ; c’est-à-dire de moins de quinze tonneaux jauges bruts, et de plus en plus spécialisées dans la pêche à la palangre et à la palangrotte -ou mitraillette. Une perte de polyvalence des embarcations a beaucoup marqué la période postérieure à l’instauration du régime des Quotas individuels transférables (QIT) au début des années 1990.
La raréfaction du nombre d’embarcations de fort tonnage armées par des artisans indépendants est une des conséquences de l’augmentation très nette du prix des quotas de pêche à l’achat, qui ne permet plus à des pêcheurs artisans de pouvoir investir individuellement dans leur achat ou location : ce sont désormais les sociétés d’armement et de transformation, lesquelles sont de plus en plus concentrées horizontalement, qui sont en capacité d’investir dans l’achat de quotas pour doter les embarcations de fort tonnage. Cette situation signifie que les artisans sont de plus en plus contraints et cantonnés dans l’usage d’un nombre restreints de métiers et ce à bord d’embarcations de faible tonnage. Elle signifie aussi que la flottille de pêche islandaise est composée soit d’embarcations de pêche de faible tonnage, soit d’embarcations de pêche de fort tonnage, lesquelles sont toutes armées à la pêche industrielle. Les embarcations de pêche de taille « moyenne » ne sont plus que les vestiges d’une catégorie sur le déclin : celle des capitaines de pêche artisans indépendants propriétaires de grosses embarcations. Brik travaille sur des zones de fonds dit « souples », c’est-à-dire de sable ou de vase. Sur la photographie, ce sont principalement des cabillauds qui ont été pris, mais la senne tournante permet la capture des poissons appartenant à la catégorie des pleuronectiformes ou poissons plats qui ne sont que rarement ou pas du tout pêchés à la palangre de fond.
À bord du Brik, le capitaine n’est plus très loin de l’âge de la retraite et son équipage est composé de matelots expérimentés et fidèles ayant chacun au moins une cinquantaine d’année. Le capitaine observe les opérations de pêche depuis la passerelle mais n’intervient dans aucune opération sur le pont au moment de la pêche ; il rejoint cependant l’équipage au moment de traiter le poisson, qui sera seulement saigné. Il sera seulement ébreuillé après le débarquement dans l’atelier jouxtant la criée locale de Patreksfjördur, avant d’être expédié vers la criée centrale d’Islande. Depuis la libéralisation des ventes de poisson, avec la création des criées locales, à bord des embarcations sortant à la journée, les matelots n’ont plus à ébreuiller le poisson avant le débarquement : il est ébreuillé une fois à terre.

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Léa Bernard – Un appât sanglant – Arusí (Colombie), 2019 – Photo prise auprès des pêcheurs d’Arusí, un village du littoral pacifique colombien niché à l’embouchure de deux fleuves, entre l’océan et la forêt dense.
La pêche à la ligne (línea de mano) est l’activité halieutique la plus pratiquée par les pêcheurs du village. Sous ce qualificatif se retrouvent diverses techniques mobilisant différents types de lignes, que l’on peut diviser en deux grandes catégories : les lignes de traîne, tirées à l’arrière de l’embarcation en mouvement, et les lignes de fond, maintenues verticales, qui atteignent une plus grande profondeur. Sur cette photographie, le pêcheur appâte l’un de ses plus gros hameçons d’une tête de thonine (atún [Euthynnus lineatus]) tout juste pêchée par sa ligne de traine. Il espère ainsi capturer les grands poissons des profondeurs attirés par la chair sanglante et odorante caractéristique de la thonine, notamment la grande sériole (bravo [Seriola lalandi]) et le vivaneau (pargo [Lutjanus sp.]). Le pêcheur devine la présence de tel ou tel poisson à partir de l’état de l’appât, qu’il remonte régulièrement : la grande sériole ronge la viande et laisse l’appât mordillé de façon irrégulière tandis que le vivaneau le dévore d’un franc coup de mâchoire qui le tranche nettement. En outre, la façon dont le poisson mord et tire sur la ligne (le premier coup [golpe] est appelé templón) révèle au pêcheur son espèce et sa taille avant même qu’il le remonte à la surface de l’eau, le cas échéant. La ligne de pêche est un instrument technique qui permet au pêcheur d’accomplir un geste particulier mais aussi de percevoir un milieu marin a priori invisible à l’œil nu.

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Carlos Emanuel Sautchuk. Les hommes-harpons. Sucuriju (Brésil), non datée. La capture est fonction du rapport d’affrontement et d’astuce du proeiro avec le pirarucu, poisson « fin », « intelligent » et « coquin » (velhaco), apte à tromper l’homme. Voici le signe distinctif du proeiro : sa « pratique », y compris sa maîtrise du harpon, le savoir concernant le comportement du poisson, et le fait d’avoir piloté la pirogue pour des pêcheurs prestigieux. L’apprentissage est long graduel et commence très tôt. Dès le début, le garçonnet porte une petite rame ainsi qu’une hampe proportionnée à sa taille, à laquelle s’ajoute une pointe en bois, puis en métal, selon son âge. Il grandit avec un harpon à la main, se développant en conjonction avec l’arme. Avec ce dispositif, il harponne de petits poissons ou des objets. Les adultes l’aident à confectionner ces outils et réservent des occasions pour que l’enfant les emploie. Tout en éprouvant la difficile capacité gestuelle, l’enfant vit la perception dans le monde immergé de sa proie.

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Carlos Emanuel Sautchuk – Les hommes-harpons –
Sucuriju (Brésil), non datée – La capture est fonction du rapport d’affrontement et d’astuce du proeiro avec le pirarucu, poisson « fin », « intelligent » et « coquin » (velhaco), apte à tromper l’homme. Voici le signe distinctif du proeiro : sa « pratique », y compris sa maîtrise du harpon, le savoir concernant le comportement du poisson, et le fait d’avoir piloté la pirogue pour des pêcheurs prestigieux. L’apprentissage est long graduel et commence très tôt. Dès le début, le garçonnet porte une petite rame ainsi qu’une hampe proportionnée à sa taille, à laquelle s’ajoute une pointe en bois, puis en métal, selon son âge. Il grandit avec un harpon à la main, se développant en conjonction avec l’arme. Avec ce dispositif, il harponne de petits poissons ou des objets. Les adultes l’aident à confectionner ces outils et réservent des occasions pour que l’enfant les emploie. Tout en éprouvant la difficile capacité gestuelle, l’enfant vit la perception dans le monde immergé de sa proie.

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Mariantonia Lo Prete et Christelle Audouit – Paysage côtier du Boulonnais, lieu des pratiques de la pêche de loisir – Wimereux (France), 2018 – La pêche de loisir dans le Boulonnais est peu connue à l’échelle nationale et pourtant elle fait partie du patrimoine culturel de ce littoral. Comme partout, la pêche a d’abord été vivrière pour ensuite se professionnaliser. Aujourd’hui, il reste encore des locaux qui pratiquent la pêche pour se nourrir, alors que pour d’autres passionnés, la pêche demeure un moyen d’évasion pour s’extraire des contraintes du quotidien. La pêche de loisir dans le Boulonnais est plurielle par ses pratiques. Lors d’un projet de recherche intitulé PEROPALE, un groupe d’enseignants-chercheurs et d’ingénieurs de l’Université du Littoral Côte d’Opale (ULCO) et de l’Université de Lille s’est intéressé à ce monde. Une quarantaine d’entretiens ont été réalisés au cours de l’année 2017 et deux ateliers participatifs ont été animés en 2019 pour que les pêcheurs de loisir s’expriment, partagent leurs connaissances et leurs opinions. Les pratiques de pêche de loisir sont multiples sur le littoral boulonnais, mais certaines pêches sont en perdition alors que d’autres attirent toujours. La transmission de la pêche de loisir est une priorité importante pour une certaine catégorie de pêcheurs. La pêche ne se pratique plus comme autrefois car la réglementation évolue rapidement. Pour cela, les pêcheurs avec qui nous avons travaillé suggèrent non seulement de partager les connaissances de ces milieux littoraux et marins mais aussi les pratiques de pêche et leur réglementation afin que la pêche récréative continue d’exister sur ce territoire. Le littoral est une zone de liberté mais demeure un bien commun.

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Jean-Philippe Venot – Pêcheurs Cham dans le haut delta du Mékong au Cambodge –
Haut delta du Mékong (Cambodge), 2019 – Les Cham sont une minorité musulmane que l’on retrouve dans le sud du Cambodge, notamment dans le haut delta du Mékong. Ce sont essentiellement des familles de pêcheurs et une grande partie d’entre eux vivent sur de petites embarcations à l’année. Ils se déplacent de zone de pêche en zone de pêche, en fonction des saisons et des dynamiques hydrologiques. Les plaines inondables du haut delta du Mékong, qui restent inondées de long mois, jouent un rôle central pour subvenir aux besoins de ces populations. Du fait des changements du régime hydrologique du fleuve et de la conversion de zones de forêt inondées en terres agricoles, les communautés Cham sont progressivement « repoussées » vers les marges de ces plaines inondables dont la productivité piscicole ne cesse de réduire. Leur vulnérabilité s’accroit donc mais jusqu’à quand ?

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Carlos Emanuel Sautchuk – L’eau interface – Sucuriju (Brésil), photo non datée –
Les harponneurs amazoniens, connus dans la langue régionale comme riverains ou cablocos, cherchent à capturer le plus gros poisson à écailles de la région, le pirarucu (arapaima gigas), qui peut atteindre trois mètres et deux cents kilos. Représentants d’une activité d’une grande importance historique et économique et d’une vaste portée en Amazonie, ces harponneurs habitent des petits villages riverains, comme celui de Sucuriju, qui compte 500 habitants, situé dans la région des lacs de l’estuaire de l’Amazone. Tout d’abord, il faudrait signaler l’existence des donos, ou des maîtres des animaux, êtres surnaturels qui contrôlent le poisson et l’offrent ou non au pêcheur. De plus, le harponneur observe un ensemble de préceptes dans le rapport avec l’animal vivant, mais aussi dans la répartition de sa chair et dans la destination de ses restes, dont le non-respect peut amener à un état d’incapacité chronique à capturer, appelé panema en Amazonie. En plus, la capture est un jeu sémiotique entre le pêcheur et le poisson. Tandis que le harponneur cherche des signaux de mouvements submergés, qu’il soutient sa présence et infiltre ses gestes dans l’environnement liquide, le poisson pirarucu agit dans l’eau en maniant ses manifestations dans la surface et en cherchant à les omettre ou à les dissimuler. Par exemple, la cachette idéale pour le pirarucu se trouve justement sous la pirogue, où il ne peut pas être vu. La lame d’eau exprime donc très clairement cette conjonction de mondes, car elle fonctionne comme un commutateur de perceptions et d’actions constituant un moyen d’actions partagé.

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Maria-Antonia Lo Prete – Femme aux mains d’or – Thiaroye (Sénégal), 2016 –
Elles sont battantes, déterminées, passionnées : ce sont les femmes qui transforment les produits de la mer dans le village de Thiaroye-sur-Mer dans le département de Pikine à 5 km de Dakar. Par son ancienneté et par sa position géographique, Thiaroye est l’un des sites célèbres pratiquant la transformation artisanale de poisson au Sénégal. Ces femmes transforment et donnent une valeur ajoutée à ces produits halieutiques très prisés par les Sénégalais et les autres habitants de la sous-région. Il leur faut s’approvisionner, trier, laver, vider, couper, poser, décortiquer, tourner, ramasser, donner… Leurs mains sont leur secret, leurs mains sont leur trésor. Les femmes des Groupements d’intérêt économique (GIE) de transformation artisanale des produits de la mer de Thiaroye emploient des hommes pour le nettoyage du poisson. En tenant le rôle de chef de famille, elles peuvent ainsi subvenir aux besoins primaires de leur famille et peuvent même aider à « dissuader les jeunes femmes de prendre la mer pour l’Europe », comme nous l’a dit Mme Diouf Yayi, présidente du Collectif des femmes pour la lutte contre l’émigration clandestine. Ces GIE constituent un vrai potentiel pour l’entrepreneuriat féminin au Sénégal : par exemple, grâce aux revenus récoltés, le GIE Penccum Sénégal a pu concrétiser en 2012 au village de Thiaroye un projet de construction d’une école maternelle et primaire afin de permettre à ces femmes aux mains d’or de travailler. Mais si certains témoignages soulignent la prospérité de ce secteur d’activité, d’autres nous interpellent sur les améliorations à apporter aux conditions de travail de ces femmes (en termes d’hygiène, d’espace, d’infrastructures, d’équipements et de financements).

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