Cadre d’organisation
Le Rés-EAUx a présenté l’exposition « L’eau ne tombe plus du ciel » à l’occasion de « Les Jours 2 l’eau » organisés par le Campus Fontlongue de Miramas. L’exposition est installée à la médiathèque de Miramas du 21 mars au 27 avril.
Les Jours 2 l’eau : un panorama des enjeux, métiers et acteurs de l’eau
Il s’agissait de la cinquième édition de l’évènement « Les Jours 2 l’eau » qui se tiennt chaque année autour de la journée mondiale de l’eau. Si l’événement s’adresse avant tout aux étudiants des métiers de l’eau dont le BTS « Gestion et Maîtrise de l’Eau et d’Assainissement », certaines parties sont ouvertes au grand public. Le programme est conçu pour offrir un panorama large des enjeux, des acteurs et des métiers de l’eau en s’appuyant sur une variété de formats – documentaires, expositions, présentations, ateliers de groupe – et d’intervenants : chercheurs, entreprises, associations, collectivités
Le Campus Fontlongue : un ancrage historique dans les enjeux agricoles et environnementaux
Le campus Fontlongue est caractérisé par un fort ancrage historique et territorial, des formations aux métiers liés à la nature et l’environnement y sont dispensées depuis plus d’un siècle. Cet ancrage a permis à l’établissement de tisser des liens étroits avec les acteurs du territoire tout en bénéficiant d’une expertise reconnue l’amenant à être sollicité par la municipalité pour des programmes liés à son cadre de vie.
C’est en vue d’élargir l’appréhension des enjeux de l’eau par les étudiants au-delà de l’orientation techniciste de leur formation que le coordinateur du BTSA Gémeaux a sollicité l’intervention du Rés-EAUx. Il s’agissait de donner un aperçu aux étudiants de la façon dont les sciences sociales abordent la question de l’eau afin d’enrichir leur perspective et de pouvoir appréhender les enjeux locaux et globaux liés au changement climatique, au développement durable. C’était également une occasion de présenter d’autres voies professionnelles des « métiers de l’eau ».
Il regroupe aujourd’hui le lycée d’enseignement agricole privé de Fontlongue et l’unité de formation en alternance « Miramas formation » et accueille 270 élèves dont une centaine d’internes. Les formations proposées vont de l’apprentissage au Bac Pro ou BTS. Les problématiques liées à l’eau sont intégrées dans des formations dédiées, du Bac général « ingénierie de l’environnement », au BTS « Gestion et Maîtrise de l’Eau et d’Assainissement » ou à travers les formations « jardinier-paysagiste », « technico-commercial en irrigation », certificat de spécialisation « arrosage intégré ».
Retour sur l’édition 2019
L’édition 2019 rassemblait 150 étudiants, professeurs voire dirigeants des BTSA « Gestion et Maîtrise de l’Eau et d’Assainissement » du Campus Fontlongue, du Puy en Velay, de Nîmes Rodilhan et les étudiants du BTS Métiers de l’eau d’Istres. Le lancement des Jours 2 l’eau a été l’occasion pour les partenaires institutionnels (mairie de Miramas) et les organisateurs (Chef d’établissement et coordinateur du BTSA GEMEAU du Campus Fontlongue de Miramas) de revenir sur les enjeux mondiaux de l’eau et notamment sur le manque d’accès à l’eau (Objectifs de Développement Durable de l’ONU). Les étudiants ont été appelés à se saisir de leur responsabilité face à ces défis. Le Maire de Miramas a souhaité illustrer la façon dont se déclinent à l’échelle locale les actions en faveur des économies d’eau (arrosage collectif) et a insisté sur l’importance des gestes écocitoyens. La première journée du 21 mars à laquelle le Rés-EAUx a participé s’articulait autour de trois temps forts.
La valorisation de la diversité des débouchés professionnels
La valorisation de la diversité des débouchés professionnels constituait la pierre angulaire de ces journées. A travers des interventions d’entreprises (filiale de Bouygues au Québec) et de formations post-BTS (Sup’Agro Montpellier), ou via les récits des intervenants, les étudiants ont pu découvrir la diversité des parcours professionnels et personnels et les possibilités de choix de vie (expatriation). En outre, un atelier collectif (« Eaulympiades ») animé par une entreprise de raccordement de réseaux d’eau permettait aux étudiants de se mettre en situation de travail en équipe pour réaliser, à partir de matériaux de chantier fournis par l’entreprise, l’installation et le raccordement d’un réseau d’eau potable.
La vie aquatique des rivières
Un deuxième temps fort reposait sur la projection de films documentaires qui illustrent la vie aquatique des rivières. Deux films furent projetés par Anne-Cécile Monnier de l’association Reflets d’Eau Douce. Hydrobiologiste de formation, elle réalise aujourd’hui des films sur la biodiversité des cours d’eau français, en mettant en avant les initiatives de préservation des populations piscicoles et de la biodiversité des cours d’eau. Le premier film évoquait l’importance des associations et fédérations de pêche dans l’accompagnement de la conception et mise en œuvre d’actions de préservation des populations piscicoles de la Meuse, notamment la restauration des habitats pour le Brochet, les grenouilles, les crapauds, le goujon. De nombreux bénévoles des associations participent au suivi et comptage des populations piscicoles permettant d’évaluer la réussite des actions de restauration.
Le second film mettait en avant les actions de constructions d’annexes hydrauliques pour la reconstruction d’habitats sur la Moselle, ou de passes à poissons pour les anguilles et les brochets. A travers les images prises en immersion dans les rivières, Anne-Cécile Monnier souhaite rendre visible la diversité biologique et le fonctionnement des milieux aquatiques en France métropolitaine et dans les départements d’outre-mer. Si elle y aborde essentiellement des problématiques sous le prisme de l’hydrobiologie, les enjeux des usages, de l’aménagement du territoire ou de l’histoire des cours d’eau sont également traités. Ainsi, son dernier documentaire porte sur l’expansion d’une espèce envahissante « la gobie d’eau douce » dont l’apparition dans les rivières françaises résulte de la circulation fluviale sur les canaux et le relargage des eaux de ballast. Les images permettent de sensibiliser le grand public via la diffusion de documentaires ou le jeune public lors d’intervention en écoles/collèges. C’est dans ce sens qu’Anne-Cécile a fondé le réseau Mél’Eau qui vise à établir un échange entre élèves de classes de métropoles et d’outre-mer autour de leurs observations et travaux de connaissance sur les milieux aquatiques de leurs territoires (http://reseaumeleau.com/).
Les aménagements et techniques d’accès à l’eau comme révélateurs de l’histoire et du fonctionnement des sociétés
Le troisième temps fort rassemblait les deux présentations du Rés-EAUx et du Syndicat Mixte de la Gestion de la Nappe Phréatique de la Crau devant une cinquantaine de personnes. Les deux interventions entraient particulièrement en résonnance quant au prisme des objets techniques pour dévoiler des enjeux sociétaux et environnementaux. A travers un exposé systémique mêlant le temps long (formation géologique) et le temps court – aménagements historiques – la directrice du syndicat a retracé les liens entre la formation et le fonctionnement de la nappe phréatique de la Crau[1], le peuplement et le développement des activités humaines sur la plaine de la Crau.
La mobilisation de ces éléments lui a permis d’expliquer et d’aborder les enjeux auxquels est confronté le territoire en termes d’accès et de qualité de l’eau (risque d’intrusion saline). Un des principaux enjeux pour le syndicat consiste à équilibrer les différents usages (eau potable, industrie, agriculture) et les différents risques (intrusion saline…) qu’encourt la nappe phréatique de la Crau.
Lina Ben Driss (diplômée du Master 2 GEDELO de l’université Paris-Nanterre) et Nicolas Verhaeghe (doctorant en géographie sociale) ont ensuite présenté le Rés-EAUx et l’exposition photo à l’occasion d’une présentation orale d’une trentaine de minutes qui précédait l’ouverture de l’exposition. Souhaitant s’inscrire dans l’objectif de l’évènement « Les jours 2 l’eau », ils ont présenté leurs parcours en insistant sur l’existence d’opportunités professionnelles dans la branche « sciences humaines et sociales ». Un premier temps a été consacré à présenter le Rés-EAUx. Un extrait de cette présentation vous est proposé :
« Le Rés-EAUx est une association en sciences sociales sur l’eau – géographie, anthropologie, sociologie, économie, histoire, archéologie – qui existe depuis janvier 2015. Le Rés-EAUx regroupe 80 membres, dont des étudiants de masters, doctorants et chercheurs et travaillant sur des problématiques liées à l’eau dans différentes régions du monde. L’objectif de l’association est de se constituer comme une plateforme d’échange et débat autour enjeux sociaux de l’eau. Pour ce faire, le Rés-EAUx organise plusieurs types d’activités :
– Organisation événements (séminaires, ateliers conférences et débats) dont les Apér-EAUx scientifiques en constituent l’activité emblématique. Chaque année, l’association organise 6 à 8 présentations de travaux de chercheurs ouvertes au grand public hors des murs de l’université. Plus décontractés et informels, ces événements sont l’occasion de nombreux échanges et permettent aux jeunes chercheurs de s’entrainer à l’exercice de présentations académiques.
– Un blog et des publications. Une veille scientifique permet de diffuser des informations sur les actualités, ouvrages, événements, appels à communication, stages/emplois. Sont également publiés les carnets de terrain, publication à travers laquelle des étudiants, doctorants ou chercheurs commentent à partir de photographies de leurs zones d’étude appelées « terrain », leurs recherches. Il s’agit d’un format à mi-chemin entre un article scientifique et un carnet de voyage, où l’auteur peut aborder sous un angle particulier son objet de recherche.
– Les expositions Phot-Eau : deux expositions ont été conçues, montées et diffusées par le Rés-EAUx. Ces expositions s’appuient essentiellement sur des clichés pris par des chercheurs lors de leurs enquêtes sur leurs zones d’étude. Ce format permet d’illustrer les enjeux liés à l’eau et de faire connaître les travaux des chercheurs et doctorants afin de les faire connaître aux personnes non spécialistes. »
Dans un second temps, Lina et Nicolas ont ensuite présenté l’exposition en évoquant sa genèse, les partenaires, les auteurs des photographies, le découpage thématique. Voici un extrait de la présentation :
« L’idée de cette exposition part d’un constat partagé par les membres du Rés-EAUx, et que peuvent aussi faire la plupart des chercheurs qui travaillent sur la thématique de l’eau. Le constat selon lequel au cours de nos recherches, sur nos terrains de recherche ou dans nos lectures, nous voyons diverses techniques, qui retiennent peu ou pas notre attention parce qu’elles ne constituent pas l’objet de nos préoccupations. Cette idée d’exposition photo permettait aussi de mettre en évidence une autre problématique commune à la plupart des recherches en SHS : celle de la valorisation des photographies de terrain. Ainsi, l’exposition constitue des “témoignages iconographiques” sur/de nos terrains, de la manière dont nos sociétés, d’ici et d’ailleurs, du présent ou du passé, ont accès à l’eau afin de mettre en avant les techniques d’accès aux ressources en eau. C’est pourquoi les photographies se focalisent sur les objets techniques et les techniques qui permettent d’extraire l’eau. En s’intéressant à un objet technique (une pompe), on est amené à s’interroger sur de nombreux aspects : quelles sont les règles d’accès et de partage ? à qui cet objet appartient ? Comment en assure la maintenance ou l’achat de pompes ? Autrement dit en se focalisant sur un objet on suit un cheminement qui nous permet de voir leur contenu social, politique et culturel, les rapports entre les sociétés et leur environnement ».
Le public était ensuite invité à se rendre à la médiathèque pour découvrir l’exposition autour d’un buffet dînatoire.
L’exposition a suscité intérêt et questionnements. Nous pouvons toutefois regretter que le lancement de l’exposition et sa présentation se déroulent après un programme chargé pour les étudiants dont l’attention déclinait. Parmi les retours, un étudiant a apprécié le voyage et la découverte que lui offraient les photos tout en déplorant leur côté trop rural qui le faisait se sentir en décalage avec les enjeux et problématiques plus proches. Il aurait souhaité voir davantage de contexte urbain. D’autres étudiants ont apprécié l’idée de l’objet vecteur de culture et plus particulièrement l’objet d’extraction de l’eau comme un narrateur de la société dans laquelle il s’inscrit. La présidente du SYMCRAU a particulièrement apprécié la diversité et l’esthétique des photographies.
Lina Ben Dris et Nicolas Verhaeghe
[1] La nappe phréatique se situe entre Arles, Salon-de-Provence et Fos-sur-Mer.
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