Le séminaire de présentation d’ARCEAU-IdF, du 4 Juillet 2013, fut l’occasion de présenter devant un public mixte, la philosophie, les objectifs et la mise en place de l’association, ainsi que les actions à venir : les prochains séminaires, un colloque international en perspective, l’organisation de quatre groupes de travail.
L’association ARCEAU-IdF a été créée en avril 2013, comme une action commune de plusieurs collectivités territoriales d’Ile de France : la Région IdF, SIAAP, Conseil Général de Seine Saint-Denis, Conseil Général du Val-de-Marne, Ville de Paris, Eau de Paris, Syndicat Marne Ville et équipes de recherche spécialisées dans le domaine de l’eau : LEESU, SISYPHE, IRSTEA, AgroParistech, LADYSS, CETE IdF. L’association bénéficie de la direction de bon augure de Jean-Claude Deutsch, chercheur émérite en hydrologie urbaine de l’Ecole des Ponts Paris’Tech, ancien directeur du LEESU (CEREVE). Elle se donne comme objectif la valorisation des recherches, des compétences techniques, des pratiques, des actions innovantes et de l’expertise dans le domaine de l’eau mises en œuvre sur le territoire de la région Ile de France.
Ce qui distingue cette initiative d’autres grands programmes de recherche sur l’eau dans le bassin de la Seine (notamment PIREN Seine et OPUR) est son ambition de servir de médiateur dans les échanges entre les différents acteurs (chercheurs, techniciens, élus, etc.) agissant à différentes échelles du « cycle de l’eau » en ville. Les principaux enjeux ne sont donc ni la production scientifique proprement-dite (assurée déjà par les structures de recherche existantes), ni des compétences techniques des collectivités ou autres structures de gestion, mais ceux d’une réflexion sur la gestion intégrée et l’amélioration de la gouvernance de l’eau urbaine. Il s’agirait donc de formuler des domaines, des objets et des méthodologies d’étude significatifs, appropriées aux besoins de gestion et aux usages d’eau, dans la perspective du Grand Paris.
La question de l’eau urbaine comme objet de gouvernance, dans le contexte d’une métropole comme le Grand Paris, est un objet extrêmement complexe, aussi bien du point de vue politique que scientifique. Le « cycle de l’eau » en ville est construit par la confrontation et la superposition des différents outils de gouvernance, de production de savoirs, des besoins socio-économiques qui doivent rendre compte de la qualité et de la fragilisation des ressources. La complexité de l’objet l’eau semble nourrie à la fois par la multiplication des politiques de l’eau et d’aménagement urbain (DCE, SDRIF, SAGE, etc.) et aussi par la complexification des savoirs scientifiques (densité de paramètres de mesures et de leur modélisation). La réflexion centrale de l’ARCEAU semble être justement celle de trouver le « lien manquant » entre le besoin des collectivités à donner des réponses adéquates et rapides aux problèmes qui se présentent à eux et la capacité des scientifiques à produire des données et des scénarios de plus en plus précis et complexes sur la ressource en eau.
D’un coté l’Etat (la DRIEE) et les collectivités représentées expriment leur besoin de diagnostics et d’études prospectives sur « l’état de la ressource », avec plusieurs enjeux sociopolitiques à la clé : la gestion des risques, la pression quantitative et qualitative sur la ressource, son impact sur les écosystèmes, le ruissellement pluvial, l’assainissement, les zones humides et l’aménagement urbain durable. Jean-Pierre Tabuchi (SIAAP) parle de « la prolifération des objets politiques liés à l’eau, qui ne peuvent être actuellement ni circonscrits du point de vue scientifique, ni traité techniquement », d’où son appel à la communauté scientifique (sciences dures et sciences de la société y compris) pour accompagner leurs démarches d’aménagement.
Les échanges entre collectivités et monde de la recherche, tels qu’ils se profilent dans les prises de parole des uns et des autres, montrent bien la bonne volonté de tous de tracer un chemin commun, mais aussi des difficultés qui se présentent à chacun pour aller à la rencontre de l’autre. En jouant le jeu de « mettre en discussion » des questions liées aux politiques de l’eau en ville, l’ARCEAU tente de décliner l’eau sur toutes les scènes où se joue la réalité de cet objet désormais sociotechnique : sa « mise en politique », « mise en science », « mise en technique », sans oublier sa « mise en société ». Les premiers groupes thématiques de travail d’ARCEAU sont ouverts pratiquement à toute personne avec des compétences scientifiques, politiques ou techniques dans le domaine de l’eau. Vous pouvez contacter les porteurs des groupes pour vous inscrire aux listes de diffusion et participer à ces ateliers de réflexion, où de l’eau dans la ville d’aujourd’hui et de demain sera au cœur de tout les débats :
– Normes, usages, indicateurs pour une approche intégrée et spatialisée des rejets (Claire Beyeler, Syndicat Marne Vive).
– Gouvernance et participation du public (Cecile Blatrix, AgroParisTech et Ronan Quillien, CG 93).
– La place des petites rivières en ville : usages, aménagements, enjeux, débats (Catherine Carré, Paris 1, LADYSS). Rendez-vous mercredi 9 octobre à l’Institut de Géographie, nouvel ampbi, 191 rue Saint Jacques, 75005 Paris, de 18 h 30 à 20 heures.
– Coordination des services et des métiers pour une optimisation de la gestion des eaux pluviales (Anne Guillon, CG 92).
(source : site ARCEAU)
Pour citer cet article: Veronica Mitroi, « L’Association Recherche-Collectivités dans le domaine de l’eau en Ile de France (ARCEAU-IdF) « met en discussion » la question de l’eau urbaine », Billets courts , Rés-EAU P10 / Water Network P10, Publié le 12 juillet 2013, http://reseaux.parisnanterre.fr
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