Lana Enzo

Recherche en cours

Ma recherche part du constat de l’impact des résidus de médicaments sur les milieux récepteurs, notamment les milieux aquatiques (ANP, 2019), ainsi que des incertitudes qui demeurent quant aux effets sur la santé humaine des contaminants de la ressource dits « émergents » (dont font partie les médicaments). Après la prise, la plupart des médicaments sont éliminés en grande partie par les reins, dans l’urine qui se retrouvent donc chargée en résidus de médicament. Ainsi, l’augmentation de la consommation de médicaments et l’état actuel des infrastructures d’assainissement (pas toujours en capacité de traiter ces résidus) posent les premiers jalons d’un problème d’ordre environnemental (Mazzitelli, 2017). Bien qu’aujourd’hui, la recherche peine à établir des liens avec la santé publique, certains résidus de médicaments particulièrement persistants sont retrouvés à l’état de trace jusque dans l’eau potable et constitue ainsi un potentiel problème de santé publique, notamment car les effets de leurs interactions et leur devenir sont mal connues (Patureau, 2020). La question de la contamination de la ressource en eau par les résidus de médicaments fait l’objet d’une mise à l’agenda politique aux échelles européenne et nationales depuis une vingtaine d’années (Directive 2001/83/CE; CGEDD, 2010) et tend à s’accentuer depuis 2020 mais tarde à s’inscrire dans les agendas politiques locaux. C’est également devenu un objet de recherche en sciences humaines depuis une dizaine d’années ; mais à ce jour seules des métropoles ont été étudiées (Soyer & Gauthey 2018). Se pose donc la question de la territorialisation de cette problématique au niveau local et plus particulièrement dans des villes moyennes ou des territoires ruraux. Plus largement, je questionne le statut du médicament au sein de nos sociétés. Objet d’étude à la croisée de plusieurs qualifications paradoxales, le médicament, initialement entendu comme une substance aux propriétés thérapeutiques, est aujourd’hui requalifié comme une substance polluante (Blot, 2016). Je propose donc de questionner le rapprochement continuel des notions de «santé» et d’ « environnement» afin de voir si l’hybridation de plus en plus affichée dans les politiques publiques européenne et nationale (on parle aujourd’hui « d’éco-santé », de « santé-environnement », de « santé environnementale », etc.) se retrouve jusque dans des plans locaux qui participeraient à construire des territoires de gestion de la pollution médicamenteuse d’une part et si d’autre part une distinction/hiérarchisation entre les deux notions « santé » et « environnement » perdure et sert de justification au (non) déclenchement de l’action (politique, citoyenne, scientifiques, etc.).

Directrice de recherche : Sylvie Clarimont (UPPA / UMR TREE)

Mots clés : Qualité de l’eau ; contaminants émergents ; droits de l’eau.

Publications et communications principales

Article dans une revue à comité de lecture / journal article :

Charbonneau, M., Clarimont, S., Lana, E., (A paraître). “Multi scale (in)visibility of drug residues in drinking water : gaps in the emergence of public concerns.

Chapitre d’ouvrage / book section :

D. Busca, JF. Barthes, E. Lana, 2019. « Des risques de gouvernance de la ressource en eau à l’expression des risques de consommation d’eau potable en France. Contribution de l’analyse des pratiques routinisées à la construction sociale des risques » in D. Busca, N. Lewis, « Gouverner les ressources naturelles », Presses Universitaire de Laval, 472p.

Communications orales :