Recherche en cours : Inventer le fleuve, un enjeu de pouvoir ? Le rôle de l’environnementalisme bourgeois dans la redéfinition des relations des habitants aux cours d’eau à Chennai (Inde)

Résumé : 

À Chennai, les relations des habitants aux cours d’eau, empreintes d’aversion et de distance, contrastent avec le récit d’un fleuve des possibles, idéalisé et fantasmé. Cette ambivalence se retrouve dans la posture des autorités publiques, oscillant entre négation des cours d’eau et planification de projets « hors-sol » visant surtout à lui donner une allure de fleuve aménagé à l’occidentale. En décembre 2015, des inondations spectaculaires rompent les cadres d’intelligibilité et font émerger le caractère circonstancié de la relation des habitants au cours d’eau. À la suite de cet évènement, certains groupes de la société civile s’emparent davantage de la question environnementale et s’impliquent dans la gestion de ces cours d’eau.

Par une démarche d’enquête ethnographique, cette recherche vise à éclairer les logiques qui sous-tendent la production des modes d’habiter les cours d’eau. Comment les relations des habitants aux cours d’eau sont-elles redéfinies par l’intervention de groupes dits ‘bourgeois environnementalistes’ ? Quels motifs poussent ces individus à agir pour et par le fleuve ? Et quelles sont les implications de ces dynamiques en termes de pouvoir ?

L’objectif est d’analyser l’évolution des relations entre les habitants et le cours d’eau au prisme de la notion « d’environnementalisme bourgeois », tout en actualisant cette catégorie. L’enquête réalisée au sein de deux groupes de la société civile permet de mettre en évidence les mécanismes de domination qui sont à l’œuvre entre les individus dans leurs rapports aux cours d’eau. En s’appropriant la question du fleuve, les ‘bourgeois environnementalistes’ infléchissent son devenir en le calquant sur l’image d’un fleuve géré par la technique et l’expertise. Sous couvert de la défense du fleuve, leurs actions ne répondraient-elles pas finalement à l’injonction à contrôler la nature, dans une adhésion hégémonique au mythe prométhéen ?

Mots clés : relation, cours d’eau, fleuve, pratiques, imaginaire, inondation, habiter, appropriation, environnementalisme bourgeois

Aire géographique : Chennai, Tamil Nadu, Inde

Directeurs de recherche : Denis Martouzet (Université de Tours), Ranee Vedamuthu (Université de Anna, Chennai) ; co-encadrante : Laura Verdelli (Université de Tours)

Principales activités :

2017-2018 : Organisation des séminaires « Pars en thèse », UMR CITERES, Tours

2017 : Organisation des ateliers des Jeunes Chercheur.e.s des Etudes Indiennes (AJEI) à Goa sur les « communs en Asie du Sud »

Organisation d’une journée d’étude sur le thème des paysages fluviaux en contexte post-inondation à Chennai le 20 janvier 2016, à la Madras Literary Society, Chennai

Communications principales :

Rivers or sewers? Retracing rivers’ imaginaries in the temporalities of the floods in Chennai”, Urban Waters ARCUS Workshop, Université Anna, Chennai, 15 – 18 Février 2017

O direito à cidade para quem? Olhares cruzados sobre projetos de revitalização das margens de rio urbano na França, no Brasil e na Índia” avec Laura Verdelli et Doris Campos, 4ème édition des Dialogues Franco-Brésiliens : o direito à cidade na França e no Brasil: uma nova agenda urbana? Salvador de Bahia, 27- 30 juin 2016

Urban exploitation through displacement: riverfront development projects and socio-spatial inequalities in Chennai” 18èmes ateliers de l’Association Jeunes Etudes Indiennes (AJEI) : Inégalités en Inde contemporaine, Pondichéry, 29 – 31 mars 2016

Discours environnementaux, Esthétique & Injustices spatiales à Chennai“ 15ème séminaire de l’AJEI : Justices et injustices dans le monde indien, Paris- Nanterre, 15 janvier 2016

Publications :

Hochart Karine (2019), « L’Adyar n’est pas un long fleuve tranquille. Politisation de l’habiter au prisme de l’inondation à Chennai, Inde du Sud ». Thèse de doctorat en aménagement du territoire, Université de Tours.

Hochart Karine (2018), « Une colonisation de l’imaginaire du fleuve ? Réflexions sur l’engagement de groupes « bourgeois » dans le devenir du cours d’eau à Chennai, en Inde du Sud », Géocarrefour [En ligne], 92/1, mis en ligne le 14 juillet 2018. URL : http://journals.openedition.org/geocarrefour/10586 ; DOI : 10.4000/geocarrefour.10586

Carrière, Jean-Paul ; Hochart, Karine (2016). Un développement urbain durable et socialement inclusif est-il possible dans le contexte de fragmentation socio-spatiale des métropoles des pays émergents ? Réflexions à partir des cas de Recife (Brésil) et de Chennai (Inde). Revista de Geografia e Ordenamento do Território (GOT), n.º 9 (junho). Centro de Estudos de Geografia e Ordenamento do Território, p. 35-63, dx.doi.org/10.17127/got/2016.9.003