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Titre de la thèse : Irriguer depuis des millénaires. Approche anthropologique des savoirs sur l’eau dans la plaine de Marrakech (Xème – XXIème siècles)
Résumé : La plaine de Marrakech souffre actuellement d’une surexploitation des ressources en eau dont elle dispose : le bassin du Tensift est déficitaire, et le niveau de la nappe phréatique baisse de manière inquiétante (1 m par an). Or l’irrigation, en particulier, est grande consommatrice et demandeuse en eau, tandis que l’agriculture irriguée constitue l’un des moyens de développement des zones rurales entourant Marrakech. Du fait de la baisse du niveau des eaux souterraines et du manque d’entretien, nombre d’ouvrages « traditionnels », les khettaras (ou foggaras), ne sont plus approvisionnés; tandis que le pompage individuel trouve ses limites dans la profondeur toujours plus grande du niveau à atteindre. Si les acteurs disposant d’importants moyens financiers peuvent investir dans des forages profonds, ce n’est pas le cas des « petits » agriculteurs. En parallèle, les autorités régionales tentent de mettre en place un « Contrat de nappe » régissant les usages de l’eau entre les différents acteurs, tout en étant conscientes des limites de l’application de ce type de dispositif face à la complexité du terrain. Un droit de l’eau local communautaire est encore opérant en milieu rural, bien que la phase de transition actuelle vers de nouveaux modes de cultures (horticulture d’ornement par exemple) et de gestion de l’eau invite à s’interroger sur les transformations internes dont ils peuvent faire l’objet. Sur la base d’une ethnographie détaillée, menée dans un espace circonscrit, mon propos est ainsi d’étudier les pratiques de partage et d’utilisation de l’eau qui ont lieu dans ces communautés rurales locales. Le terrain étudié comprend la bourgade rurale d’Aghmat et ses environs. Elle est située au pied de l’Atlas, à 30 km au sud de Marrakech, et desservie par l’oued Ourika. Le but sera de dégager les logiques sociales et techniques à l’œuvre dans cette gestion de l’eau, depuis sa captation jusqu’à son utilisation agricole, afin d’en interroger la durabilité et de fournir des éléments de réflexion quant aux perspectives et possibilités d’évolution du système actuel de gestion de l’eau.
Cependant, la zone d’étude envisagée – tout comme la plaine de Marrakech dans son ensemble – se caractérise également par la richesse historique de son patrimoine hydraulique, inscrit dans un rapport ancien entre ville et campagne. Pour cette raison, j’ai choisi de placer dans la perspective de la longue durée la problématique actuelle de la gestion de l’eau, en alliant une approche historique et archéologique à mon travail ethnographique. En effet, au Moyen Age déjà (*) – et de manière continue par la suite – les ressources en eau de la plaine ont dû être partagées entre les besoins quotidiens de grandes villes (Aghmat et Marrakech), de l’industrie (des moulins hydrauliques aux usines actuelles), de l’agriculture locale vivrière, d’une agriculture plus intensive (depuis le célèbre Agdal de Marrakech jusqu’aux structures productivistes actuelles), et enfin d’installations d’agrément (fontaines, piscines, jardins…). Depuis longtemps, la gestion de l’eau dans cette région a donc nécessité de composer avec ces divers besoins, comme avec différents types d’organisations sociales, d’acteurs et de moyens techniques. Elle a ainsi nécessairement été l’objet de tensions multiples, d’ajustements et dévolutions qu’il sera intéressant d’appréhender dans la longue durée, en évitant toute tentation de linéarité, afin de comparer entre eux les divers épisodes de transition et d’évolution technique ou sociale qu’a déjà traversés la gestion de l’eau dans ce territoire. Les différentes possibilités, les choix et les arrangements effectués par les sociétés qui s’y sont succédées éclaireront ainsi d’un jour nouveau, je l’espère, les problématiques de la période contemporaine. Ainsi, c’est par l’analyse du changement dans la gestion de la ressource hydrique, que je propose d’appréhender le problème de la durabilité, des ajustements et de l’évolution d’un système, sur le temps court comme sur le temps long.
* Période à partir de laquelle j’ancre mon étude, en raison du corpus de données disponibles pour cette époque, contrairement aux précédentes.
Mots clés
Maroc, plaine de Marrakech, Ourika, gestion sociale de l’eau, savoirs sur l’eau, technique, hydraulique ancienne, irrigation, horticulture, relation ville-campagne, gouvernance, durabilité.
Directrice de thèse
Fabienne Wateau (LESC)
Co-directeur
J.-P. Van Staëvel (PU, Paris I – UMR 8167 Orient & Méditerranée)
Autres activités de recherche
– Participation à des campagnes de fouilles archéologiques
– Animation de la table ronde « Ethnologie, Préhistoire, Ethnomusicologie: l’école de Nanterre? », réunissant d’anciens chercheurs et enseignants, à l’occasion de la célébration des 50 ans de l’université de Nanterre (2014)
– Membre et co-porteuse du workshop « Transe-AC – Transition sociale et environnementale : Alternatives et Communs » (LESC, LAVUE, ED 395, ICS Lisboa, FCS Valencia : Nanterre, Lisbonne, Valence. Projet de la Maison de l’Archéologie et de l’Ethnologie 2015, coordination F. Wateau et M.-H. Bacqué). Organisation du colloque de clôture du projet à Nanterre, les 22-24 mars 2017
– Organisation des journées doctorales du LESC « Anthropologie critique et critique politique » , avec J. Cayla et B. Le Saint. Maison Archéologie et Ethnologie, Nanterre, 22-23 juin 2017
– Participation au programme transcdisciplinaire « Géoarchéologie des aménagements hydrauliques du territoire d’Îgîlîz (GAHTI) », mené en dans le cadre la mission Igîlîz (Coordintation S. Desruelles, MCF Paris IV)
Publications principales
• 2019 : HERITIER-SALAMA Violaine. Une gestion communautaire de la ressource hydrique : L’irrigation par tours d’eau dans un village de l’Anti-Atlas (Maroc). In BACQUÉ M.-H. et WATEAU F. éd : Transition sociale et environnementale : Alternatives et Communs, (Colloque international, Nanterre, 22-24 mars 2017), à paraître aux éditions de la MAE
• 2018 : CAYLA Julie, HERITIER-SALAMA Violaine, LE SAINT Brett. Compte-rendu des Journées doctorales du LESC « Anthropologie critique et critique politique ». Le Journal des Anthropologues, n°152-153 – 1er semestre 2018
• 2016 : HERITIER-SALAMA Violaine, CAPEL Chloé, FILI Abdallah et MESSIER Ron. De la ville aux champs : La transformation d’Aghmat (Maroc) entre les XIVème et XVIème siècles. In MÜLLER Ch. et HEINTZ M. éd. : Transitions historiques, 12ème colloque de la MAE (Nanterre, 10-12 juin 2015), Paris, Ed. Boccard : 195-207
• 2014 : HERITIER-SALAMA Violaine. Eau, gestes et discours. La pratique de l’irrigation dans un village de l’Anti-Atlas (Sud Maroc), F. Wateau dir. Mémoire de Master 2, université Paris Ouest
• 2011 : HERITIER-SALAMA Violaine. Permanences et mutations d’un édifice castral seigneurial : le château de Butera (Caltanissetta), Lexicon n° 13 (Revue à comité de lecture scientifique de l’Université de Palerme)
Communications principales
• « Regards croisés sur l’exploitation d’un terroir ancien de la plaine de Marrakech : le cas d’Aghmat », avec J. Ros (post-doc EHEHI), discutant : Y. Benhima (MCF Paris III). Séminaire du MIAS, Casa de Velásquez, Madrid, 24/05/2018
• « Individualisme ou droit à l’eau ? Une agriculture irriguée en pleine mutation sur les bords de l’oued Ourika (Maroc) ». Doctoriales en sciences sociales de l’Eau. UPN, Nanterre, 4-6/12/2017
• [Poster] « Transition agricole et évolution d’un terroir en Occident musulman : le cas d’Aghmat (Maroc) entre les XIVe et XVIe siècles », J. Ros, V. Héritier-Salama, C. Capel, A. Fili, R. Messier. XXIème congrès international d’archéométrie du GMPCA. Univ. Rennes 1, Rennes, 18-21/04/2017
• « Des jardins à la campagne. Aux marges de Marrakech, pépiniéristes, agriculteurs et retraités entre concurrences et influences mutuelles ». Colloque international Capital environnemental : représentations, pratiques, dominations et appropriations spatiales. Faculté des Lettres, Limoges, 18-21/11/2015
• « Eau des gestes, eau des discours : une double réalité. Ethnographie de l’irrigation dans un village de l’Anti-Atlas (Tifigit, Maroc) ». Séminaire du laboratoire Islam médiéval (UMR 8167). Colegio de España, Paris, 21/01/2015