Recherches en cours
Titre de la thèse : Un miracle andalou? Des petits paysans aux entrepreneurs de l’agrobusiness.
Dans le Sud-Ouest de l’Andalousie, à la frontière du Parc national de Doñana, c’est à partir des années 1980, sous l’impulsion d’un Plan d’irrigation massif mis en œuvre sous le régime franquiste, que la culture des fruits rouges remplace les cultures sèches de vignes et d’oliviers. L’argument engagé par l’Etat consiste à faire la promotion de l’ouverture de nouvelles opportunités économiques à la faveur de la population locale, laquelle est à cette époque essentiellement composée de travailleurs journaliers sans terres. Cet « or rouge », et les promesses de bénéfices économiques qu’il sous-tend se transforme pour l’ensemble des habitants en un nouveau modèle de culture à adopter, et favorise l’émergence d’une nouvelle couche sociale d’entrepreneurs agricoles, issus du monde de la petite paysannerie et des travailleurs journaliers.
Toutefois, dès les années 1990, le constat sans appel d’un épuisement des nappes phréatiques conduit les gouvernements régionaux et nationaux à mettre en place de nouvelles régulations des usages de l’eau, générant de nombreux conflits dans un monde agricole s’étant construit sur l’irrigation. Aujourd’hui, la tension croissante autour de l’épuisement de l’aquifère fait apparaître le futur de cette agriculture comme profondément incertain, renversant les aspirations de modernité et de développement liées à l’eau. A l’intersection entre une anthropologie politique et une anthropologie économique, cette thèse explore ainsi les enjeux propres aux crises de reproduction sociale des économies extractives en “ruines”.
Depuis 2021, j’ai réalisé treize mois d’ethnographie dans la ville d’Almonte, questionnant les conflits autour de l’eau, le rapport des habitants à l’épuisement de l’aquifère dont ils dépendent, et les aspirations de modernité suscitées par l’arrivée de cette nouvelle agriculture.
Mots clés : agriculture irriguée, transformations sociales, modernisation, conflits, Andalousie, serres, eaux souterraines, espaces ruraux
Directeur de recherche : Benoît de L’Estoile
Principales activités :
– Doctorante chargée d’enseignement à l’EHESS en anthropologie (séminaire » Les transformations agricoles au prisme de l’eau »
– Co-organisatrice du séminaire « Ethnographies des mondes ruraux »
-Co-créatrice du réseau « Ethnographies des mondes ruraux »
Publications et communications principales
Publication “Des agriculteurs dans une monnaie locale. Les logiques politiques de l’enrôlement dans une économie alternative” (avec Mathilde Fois-Duclerc) Politix, 2/2023
Communications principales :
Juin 2023 : Universidad de Barcelona, Departamento de Antropología Social, Journées Europe and the extraction-exploitation nexus : studying systemic social reproduction in times of environmental crisis : La apropiación del agua como “forma de vida” ?
Mai 2023 : Universidad Pablo de Olavide de Sevilla,“Un gobierno de las vidas por la extracción del agua. La producción de un futuro precario en la provincia de Huelva”
Novembre 2022 : Journées doctorales du GEMDEV, Campus Condorcet, Aubervilliers : : “Guerre de l’eau en Andalousie : Appropriations de l’eau et reconfiguration des rapports sociaux locaux »
Septembre 2022 : VIIIe Congrès de l’Association portugaise d’anthropologie, Evora: “Guerra del agua en Andalucia : Esperanza del desarrollo y limitaciones debidas al agotamiento de los recursos”