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Jean-Philippe Venot – Pêcheurs Cham dans le haut delta du Mékong au Cambodge –
Haut delta du Mékong (Cambodge), 2019 – Les Cham sont une minorité musulmane que l’on retrouve dans le sud du Cambodge, notamment dans le haut delta du Mékong. Ce sont essentiellement des familles de pêcheurs et une grande partie d’entre eux vivent sur de petites embarcations à l’année. Ils se déplacent de zone de pêche en zone de pêche, en fonction des saisons et des dynamiques hydrologiques. Les plaines inondables du haut delta du Mékong, qui restent inondées de long mois, jouent un rôle central pour subvenir aux besoins de ces populations. Du fait des changements du régime hydrologique du fleuve et de la conversion de zones de forêt inondées en terres agricoles, les communautés Cham sont progressivement « repoussées » vers les marges de ces plaines inondables dont la productivité piscicole ne cesse de réduire. Leur vulnérabilité s’accroit donc mais jusqu’à quand ?

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Carlos Emanuel Sautchuk – L’eau interface – Sucuriju (Brésil), photo non datée –
Les harponneurs amazoniens, connus dans la langue régionale comme riverains ou cablocos, cherchent à capturer le plus gros poisson à écailles de la région, le pirarucu (arapaima gigas), qui peut atteindre trois mètres et deux cents kilos. Représentants d’une activité d’une grande importance historique et économique et d’une vaste portée en Amazonie, ces harponneurs habitent des petits villages riverains, comme celui de Sucuriju, qui compte 500 habitants, situé dans la région des lacs de l’estuaire de l’Amazone. Tout d’abord, il faudrait signaler l’existence des donos, ou des maîtres des animaux, êtres surnaturels qui contrôlent le poisson et l’offrent ou non au pêcheur. De plus, le harponneur observe un ensemble de préceptes dans le rapport avec l’animal vivant, mais aussi dans la répartition de sa chair et dans la destination de ses restes, dont le non-respect peut amener à un état d’incapacité chronique à capturer, appelé panema en Amazonie. En plus, la capture est un jeu sémiotique entre le pêcheur et le poisson. Tandis que le harponneur cherche des signaux de mouvements submergés, qu’il soutient sa présence et infiltre ses gestes dans l’environnement liquide, le poisson pirarucu agit dans l’eau en maniant ses manifestations dans la surface et en cherchant à les omettre ou à les dissimuler. Par exemple, la cachette idéale pour le pirarucu se trouve justement sous la pirogue, où il ne peut pas être vu. La lame d’eau exprime donc très clairement cette conjonction de mondes, car elle fonctionne comme un commutateur de perceptions et d’actions constituant un moyen d’actions partagé.

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Maria-Antonia Lo Prete – Femme aux mains d’or – Thiaroye (Sénégal), 2016 –
Elles sont battantes, déterminées, passionnées : ce sont les femmes qui transforment les produits de la mer dans le village de Thiaroye-sur-Mer dans le département de Pikine à 5 km de Dakar. Par son ancienneté et par sa position géographique, Thiaroye est l’un des sites célèbres pratiquant la transformation artisanale de poisson au Sénégal. Ces femmes transforment et donnent une valeur ajoutée à ces produits halieutiques très prisés par les Sénégalais et les autres habitants de la sous-région. Il leur faut s’approvisionner, trier, laver, vider, couper, poser, décortiquer, tourner, ramasser, donner… Leurs mains sont leur secret, leurs mains sont leur trésor. Les femmes des Groupements d’intérêt économique (GIE) de transformation artisanale des produits de la mer de Thiaroye emploient des hommes pour le nettoyage du poisson. En tenant le rôle de chef de famille, elles peuvent ainsi subvenir aux besoins primaires de leur famille et peuvent même aider à « dissuader les jeunes femmes de prendre la mer pour l’Europe », comme nous l’a dit Mme Diouf Yayi, présidente du Collectif des femmes pour la lutte contre l’émigration clandestine. Ces GIE constituent un vrai potentiel pour l’entrepreneuriat féminin au Sénégal : par exemple, grâce aux revenus récoltés, le GIE Penccum Sénégal a pu concrétiser en 2012 au village de Thiaroye un projet de construction d’une école maternelle et primaire afin de permettre à ces femmes aux mains d’or de travailler. Mais si certains témoignages soulignent la prospérité de ce secteur d’activité, d’autres nous interpellent sur les améliorations à apporter aux conditions de travail de ces femmes (en termes d’hygiène, d’espace, d’infrastructures, d’équipements et de financements).

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Marion Boutigny – Scène de troc – Taroniara (Îles Salomon), 2017 –

Cette photo présente un canneur au mouillage et des habitants venant troquer des denrées alimentaires, du tabac, ou du betel nut contre du poisson. Cet échange est bénéfique aux deux parties : poisson « facile » contre produits frais diversifiant ainsi l’alimentation des marins au cours de la campagne. L’échange est un des piliers de la culture tribale. La photo est prise à bord d’un canneur pêchant la bonite, pour une campagne de marquage organisée par la Communauté du Pacifique (SPC). Ce navire est l’un des rares canneurs en activité dans cette région de la Mélanésie, où la pêche aux thonidés est assurée par des thoniers-senneurs. Auparavant, les eaux des îles Salomon et de Papouasie Nouvelle-Guinée avaient une flotte de canneurs importante avec des officiers japonais et un équipage local. Les Japonais partis, seulement trois canneurs pêchent aujourd’hui. La pêche à la canne à la bonite a deux moments majeurs : l’activité principale sur la bonite en journée et la pêche au filet pour les appâts vivants de nuit. Cette pêche se fait près des côtes. Or, en Mélanésie, l’espace marin, comme l’espace terrestre, est un espace coutumier et il est nécessaire d’être autorisé par les tribus pour pêcher. Il n’y a pas ou peu de conflit pour l’espace maritime car la coutume et la nationalité des marins favorisent les échanges et créent du lien social durable entre les îles, les tribus et cette pêcherie.

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Maryse Dardaillon – Halage du bateau – Unieście (Pologne), 2017 –
Regardons ici une arrivée lors des opérations de halage, quand il s’agit de mettre le bateau à l’abri, le plus loin possible du rivage. Deux hommes sont encore à bord, dont un dans la cabine, un troisième s’occupe des câbles. Tous sont chaudement habillés car la photo est prise en hiver. Le bateau est en bois, de construction traditionnelle, gouvernail et hélice semblent assez simples, pour ne pas dire fragiles, tandis que le matériel électronique de base, en particulier un radar, paraît présent sur tous les bateaux. J’ai pu noter que les navires sont très bien entretenus, ils sont par exemple repeints tous les ans. Des bâches sont également posées lors des périodes de tempête quand il s’agit d’éviter que sable et eau n’envahissent le pont des barques. En haut de la dune, on peut voir au centre le bâtiment d’où est manœuvré le treuil électrique. À droite de celui-ci se trouve un atelier de réparation et entretien où l’on aperçoit un bateau sur cales. À gauche, quelques badauds puis des bâtiments qui sont ceux des échoppes et restaurants. Le restaurant en front de mer offre des tables à l’abri derrière les vitres qui laissent contempler la mer. Devant ces constructions se trouve une barque couchée sur le flanc. Celle-ci est utilisée notamment au printemps lors d’opérations d’entretien du plot situé en mer, utilisé pour le halage des bateaux en mer. Ce plot est fréquemment utilisé par les cormorans qui trouvent là un lieu où se reposer et faire sécher leurs ailes.

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