L’hebd’Eau #38 du 19 avril 2021

La lettre de diffusion de l’association Réseau d’études en sciences sociales sur l’eau (Rés-EAUx)

La vie du Rés-EAUx

Publication

Nous avons le plaisir d’annoncer la publication du livre de Mathilde Fautras, membre du Rés-EAUx, intitulé « Paysans dans la révolution. Un défi tunisien ». Le livre est publié aux éditions Karthala. Pour plus d’informations, c’est par ici !

Exposition photographique « Regards de pêche »

En raison du contexte sanitaire, les photographies de l’exposition « Regards de pêche » vous sont présentées en ligne, en attendant de pouvoir organiser un événement réunissant les auteurs, les membres du jury et le public. Nous espérons vivement pouvoir organiser cet événement prochainement, afin de permettre les riches échanges que les photographies méritent.

Nous vous invitons à découvrir ci-dessous les trois nouvelles photographies de l’axe « Gestes et techniques ». N’hésitez pas à cliquer sur les photos pour afficher le nom des auteurs/autrices, le titre et la légende de la photographie.

Voir les photographies sur le site du Rés-EAUx

Jean-Louis Gonin - Pas tomber dans la nasse - Lac Inlé (Birmanie), 2018 - Les Inthas ont mis au point une manière de ramer particulière, debout, avec un seul pied, ce qui leur permet de voir dans la profondeur du lac et d'utiliser leurs mains pour pêcher. Ils ont également développé des techniques de pêche inédites, en rapport avec les caractéristiques du lac. La plus ancienne utilise un filet en coton. Ce filet est tendu sur une armature en bambou conique ; l'ensemble est appelé « saung ». Cette méthode de pêche nécessite de repérer visuellement le poisson avant de plonger le filet pour le cerner, puis le harponner à l'aide d'une perche terminée par un trident. Cette tradition est en train de disparaître car l'eau du lac est de plus en plus trouble à cause du brassage provoqué par les bateaux transportant les touristes. Par ailleurs, les poissons n'ont plus le temps de grossir car ils sont capturés avant par les pêcheurs de plus en plus nombreux. Elle est souvent remplacée par la mise en place de grands filets en matière synthétique. Les pêcheurs donnent ensuite des coups de rames sur la surface de l'eau afin de chasser le poisson en direction des filets, où les prises sont beaucoup plus importantes. Les pêcheurs utilisent leurs deux mains pour faire glisser le filet au fond de l'eau tout en ramant avec une jambe et étant en équilibre sur l’autre. L'apparition de grossistes qui alimentent les grandes villes de la région a fait augmenter la demande. Pour y répondre, les Inthas se mettent à pêcher sans prendre en compte les ressources du lac déjà impactées par la pollution. Ce nombre de pêcheurs en constante augmentation, participe à la disparition de certaines espèces de poissons, notamment les espèces endémiques, et à la baisse des prises. Le nombre de pêcheurs a doublé en 10 ans et le résultat de leur pêche a diminué de moitié. Pour compenser cela, une nouvelle espèce a été introduite récemment : le tilapia, qui se reproduit rapidement mais qui risque de bouleverser la biodiversité du lac. Les pêcheurs, pour survivre, sont contraints d'augmenter la durée de leur journée de travail. C'est ainsi que le cercle vicieux qui va entraîner la disparition des poissons dans le lac Inlé est bouclé.

Julien Noël - Senne de pêche collective pour scène de plage - Toamasina, (Madagascar), 2009 - Cette photographie a été prise au cours du printemps 2008, lors d’une mission de terrain réalisée durant ma thèse de géographie sur le littoral malgache. Ce cliché illustre une scène de vie coutumière, à la tombée du jour, de communautés de pêches artisanales à petite échelle, qui occupe quotidiennement la plage « Canada » de Toamasina (grande agglomération de la côte est de Madagascar). L’engin technique utilisé, une senne artisanale de pêche, représente un art trainant ancien et très usité sur beaucoup de littoraux des pays du Sud. Il consiste à capturer une ressource (ici des petits poissons pélagiques de type « sardinelles ») à la surface de l’eau, en les encerclant à l'aide d'un filet mouillé à l’aide d’un navire (pirogue au premier plan), puis rabattu collectivement sur la grève, principalement par les membres masculins des familles présentes. L’animation spatiale de cette scène de plage manifeste, pour ces communautés côtières, l’importance nutritionnelle et socio-économique de ce type de pêche traditionnelle (le poisson y est source de sécurité et de souveraineté alimentaire, comme de complément d’emplois et de reconnaissance socio-culturelle). Mais elle ne saurait dissimuler les externalités parfois négatives de cette activité, notamment environnementales, par le biais de l’usage répété et « intensif » d’un engin de pêche pas toujours des plus sélectifs envers les prises juvéniles accessoires. Ceci rend donc plus difficile l’application efficace de mesures de gestion de la ressource auprès de populations littorales désireuses de profiter de la moindre source de richesse que peut lui procurer l’océan.

Gaëlle Ronsin - La course au homard aux Îles-de-la-Madeleine : pratiques locales dans un espace mondialisé - Golfe du Saint-Laurent (Canada), 2019 - Depuis cinq ans, chaque saison de pêche au homard donne lieu à des « prises records » aux Îles-de-la-Madeleine (golfe du Saint-Laurent, Québec, Canada). C’est en huit semaines uniquement, de mai à juillet, que les capitaines de cet archipel feront leur chiffre d’affaire permettant de vivre à l’année. Chaque matin, les 273 cages à homard autorisées par bateau sont chargées de « bouette », d’appâts, à chaque remontée. Mais la surpêche et le réchauffement de l’eau ont décimé les stocks de poissons d’appâts dans la région. Les harengs et les maquereaux sont devenus si rares dans le golfe que les pêcheurs des Îles-de-la-Madeleine utilisent maintenant en très grande majorité des appâts provenant d’Asie et d’Océanie. En quelques années, le marché des appâts pour la pêche s’est globalisé et les prix ont flambé. Des questions éthiques se posent également : les poissons de la bouette, utilisés entièrement, représentent plusieurs milliers de tonnes de nourriture par an qui pourraient être destinées à la consommation humaine. Des projets de recherche et développement se mettent en place dans l’archipel pour privilégier l’utilisation de résidus des pêches, en développant des tests de goûts et d’odeurs, dans une approche d’économie circulaire. Aux Îles-de-la-Madeleine, les changements globaux procurent donc à la fois un sentiment d’abondance, par le homard, et de fragilité, par les poissons d’appât.

La veille du Rés-EAUx

Offres d’emploi

Offre d’emploi : chargé de projet, à mi-temps pendant un an, dans le cadre des EGEB (Etats Généraux de l’Eau à Bruxelles). Candidatures avant le 7 mai 2021. Plus d’informations dans la fiche de poste sur ce lien.
Offre d’emploi : spécialiste en eau potable et assainissement pour le poste de responsable technique et expertise au Burkina Faso. CDD expatrié 24 mois avec le GRET. Candidatures avant le 7 mai. Plus d’informations dans la fiche de poste sur ce lien.
Offre de thèse : solutions fondées sur la nature, étudiées à partir de la gestion des inondations en France – UMR GESTE, Strasbourg. Plus d’informations sur ce lien.

Appel à communications

Appel à communications pour la conférence « Is the concept of ‘environmental sustainability’ misleading ? Mixed perspectives » qui aura lieu à Strasbourg les 20-21 octobre 2021. Propositions attendues avant le 15 mai 2021. Plus d’informations sur ce lien.
Appel à articles sur le thème « Water and Human Settlements of the Future » pour la revue Water. Propositions attendues avant le 15 octobre 2021. Plus d’informations sur ce lien.

Évènements

Seconde conférence internationale « Eau, mégapoles et changement global« , organisée par l’UNESCO du 11 au 14 janvier 2022. Plus d’informations sur ce lien.

Galerie de photos de Water Alternatives

Retrouvez les photos insolites dans la galerie Flickr de Water Alternatives, en partenariat avec la revue ayant lancé la photothèque Water Alternatives Photos.

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