A l’heure où, en Europe, disposer d’une salle de bain chez soi est la norme, des personnes de plus en plus nombreuses se retrouvent, temporairement ou durablement, privées d’un lieu pour se laver. Les bains-douches municipaux répondent, quand ils existent, à cette nécessité. Survivance d’un passé hygiéniste qu’on croyait révolu, conservés parfois pour leur valeur patrimoniale, ils sont les révélateurs d’une condition urbaine précaire et y apportent une réponse plus contemporaine qu’on ne l’imagine. Mais peut-on penser l’eau et les soins du corps au-delà des exigences de l’hygiène ?
Ce colloque « Accès à l’eau, à l’hygiène et au bien-être dans les métropoles : les bains-douches, équipement du passé ou aménité du futur ? » qui se déroulera le 23 octobre 2019 au PUCA (Grande Arche de la Défense) de 9h à 18h, part d’une enquête sur les publics et usages de bains-douches parisiens et prend le pari d’un intérêt renouvelé pour ces « aménités urbaines ». Car ce qui y circule, c’est aussi du plaisir et du bien-être. Le stigmate est momentanément repoussé, les conversations se nouent, on se dérange pour le voisin, on le conseille. Les employés ne sont pas étrangers à la fabrique d’une telle aménité, que l’on qualifiera ici de « solidaire ».
Parce qu’il se soucie des besoins primaires mais qu’il est aussi innovant socialement, architecturalement et culturellement, le service public des bains-douches est original. Résultant de l’ambitieux projet de réformateurs soucieux d’hygiène, de santé et de moralité pour le peuple, sont-ils, un siècle plus tard, condamnés à disparaître ? C’est le cas dans beaucoup de villes en France, et plus généralement en Europe, mais le tableau est plus contrasté qu’il n’y parait. Des formes nouvelles s’inventent, le modèle du service public s’hybride dans des partenariats avec le monde associatif. Le secteur se transforme en introduisant d’autres fonctions, d’autres publics, d’autres idées. Observer et analyser ces changements est une façon de prendre le pouls de la ville qui se réinvente sous nos yeux, à Nantes, à Strasbourg, à Bordeaux, à Angers et à Rouen, etc., une manière de comprendre comment s’exprime – ou se refuse – la solidarité dans divers contextes urbains aujourd’hui. A l’heure de la « mondialisation par le bas », les bains-douches ne constituent-ils pas un équipement métropolitain au même titre que les hauts lieux de l’attractivité touristique et économique ? Comment en consolider l’économie ? Comment en renouveler les modèles ?
Ce colloque entend associer chercheurs et praticiens, aux professions et aux approches variées, qui toutes concourent à cette compréhension. Les quatre séquences qui composent la journée sont organisées de façon à favoriser le dialogue et les échanges entre chercheurs, élus, aménageurs, architectes, acteurs associatifs, militants.
•La projection du documentaire Bains-douches, 41 rue Oberkampf, Paris XI ouvrira le colloque ;
•La deuxième séquence est organisée autour du cas parisien, à la fois exception européenne et modèle d’un service public séculaire ;
•La troisième séquence portera sur les aspects culturels du rapport à l’eau dans les sociétés urbaines ;
•La quatrième séquence, ouvrira une discussion sur les « communs » de l’eau : les formes renouvelées de l’accès à l’eau en ville permettraient-elles de faire converger les exigences écologiques et sociales ? « L’extension du domaine des bains-douches » pour des motifs sociaux, environnementaux et de loisirs permet- elle de penser la ville de demain, une ville solidaire et apaisée ?
La participation au colloque est gratuite mais l’inscription est obligatoire : https://bit.ly/2OzJkSF
Pour plus d’informations, vous pouvez consulter le programme détaillé.
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