Mai 2010, fleuve Niger, Guinée, route entre Kankan et Kouroussa

En période d’étiage, les femmes Malinké pratiquent une pêche collective dénommée le cômondia ou le diaramba qui se traduit littéralement par « la pêche au bord du fleuve ».

Celles-ci, après avoir demandé l’autorisation préalable des Somono, barrent un bras asséché du fleuve au niveau de sa jonction avec le lit mineur. Ce barrage qui est constitué de bois, de paille et de terre humide directement prélevé dans le lit, est construit sur les limites amont et aval du bras. En plus du fagot de bois et de paille, chaque femme doit apporter de la poudre de néré, dont la gousse est connue pour ses vertus ichtyotoxiques. Cette pratique de pêche ressemble à la technique de la nivrée pratiquée par les indiens Wayana en Amazonie.Une fois le néré dilué dans l’eau, les femmes se baignent dans cette eau stagnante en la remuant au maximum. Cette opération sera renouvelée toute les quarante minutes approximativement, jusqu’à ce que l’eau soit d’une couleur sombre-violacée.
Les femmes disposent alors en ligne leurs filets circulaires, le mouso djo « le filêt des femmes », le long du barrage et attendent que les poissons intoxiqués et amorphes viennent se coincer entre les filets et le barrage. Les filets sont positionnés dans l’eau entre trente secondes et deux minutes avant d’être relevés. Cette opération durera toute une journée.Les prises sont destinées à la revente sous forme de friture.

Si ce type de pêche semble trop sporadique et limité en participants, la question de leurs effets sur l’environnement et sur les stocks de poisson est posée.

Kévin de la Croix

Pour citer cet article:  Kévin de la Croix, « Une pêche collective féminine sur le fleuve Niger en Guinée : le cômondia ou le diaramba », Cartes postales , Rés-EAU P10 / Water Network P10, Publié le 25 octobre 2012, http://reseaux.parisnanterre.fr/une-peche-collective-feminine-sur-le-fleuve-niger-en-guinee-le-comondia-ou-le-diaramba/